«Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez» : accompagnée de la photo choc d’une silhouette en flammes allongée sur le sol, la nouvelle campagne de lutte contre le narco banditisme, la consommation et les trafics de stupéfiants est taillée sur mesure pour frapper les esprits. Lancée par le ministère de l’Intérieur et dévoilée ce jeudi place Beauvau par Bruno Retailleau, l’opération promet d’être «innovante» afin de «responsabiliser les consommateurs» et «leur faire prendre conscience de leur responsabilité» lorsqu’ils nourrissent une économie mortifère en fumant un joint «récréatif» ou en sniffant un «rail» de cocaïne. Car, comme le laisse entrevoir un visuel évocateur, la poudre blanche peut elle aussi s’embraser, comme symbole du plus redoutable des carburants criminels.
Les 15-35 ans cœur de cible
Diffusée à partir de ce dimanche et jusqu’au 2 mars, la campagne sera relayée par affichage dans les transports mais aussi sur les réseaux sociaux, plateformes de streaming ainsi que sur les chaînes de télévision qui diffuseront en boucle un clip percutant. Cœur de cible visé ? Essentiellement les personnes de 15 à 35 ans.
Financée par le produit des biens confisqués aux trafiquants, cette campagne est impérieuse au regard du tsunami de drogue qui déferle dans le pays. Dans un bilan dévoilé ce jeudi par Bruno Retailleau, il apparaît que les infractions liées aux stupéfiants ont bondi de 10% pour l’usage et de 6% au niveau des trafics. Concernant le cannabis, 101 tonnes (-19% par rapport à 2023) ont été saisies en 2024 tandis que le trafic de cocaïne a explosé de 130% en un an avec 53,5 tonnes confisquées. Dans le même temps, les saisies d’ecstasy et de MDMA ont elles aussi flambé de 123% par rapport à 2023, avec plus de 9 millions de comprimés saisis l’année dernière.
288.000 personnes, usagers compris, mises en cause dans des affaires en 2024
Face au fléau, Bruno Retailleau, qui a fait de cette lutte une des priorités de son action, affiche la «mobilisation» des services. En 2024, pas moins de 122 millions d’euros (+4%) liés aux narcotrafics ont été saisis par les forces de l’ordre, dont 75% par la seule police nationale. «La part des saisies dans le cadre d’infraction à la loi stupéfiant (ILS) représente 11% du total des saisies des avoirs criminels évalués à 1,129 milliard d’euros», précise le ministère de l’Intérieur qui révèle que près de 197.000 consommateurs ont reçu une amende forfaitaire l’année dernière. Soit + 21% par rapport à 2023.
Mais le fléau reste on ne peut plus vivace, avec pas moins de 288.000 personnes (usagers compris) mises en cause dans des affaires de drogue. Un chiffre en augmentation de 10% et qui correspond à la population de Strasbourg. En 2024, le trafic a été éclaboussé de sang avec 367 assassinats et tentatives d’assassinats. Soit un par jour, se soldant par un bilan vertigineux de 110 morts et 341 blessés.