Bulgari MB & F Serpenti, un vrai reptile mécanique

Lorsque le directeur de la création horlogère de Bulgari, Fabrizio Buonamassa Stigliani, croise le chemin du fondateur et directeur de la création de MB & F, Maximilian Büsser, cela donne des montres nécessairement atypiques. En 2021, déjà, le duo avait profité de la Dubai Watch Week pour dévoiler une MB & F × Bulgari LM FlyingT Allegra : l’univers coloré et joaillier de Bulgari s’invitait alors au sein des Legacy Machines, les « sculptures cinétiques tridimensionnelles » de MB & F.

Bulgari × MB & F Serpenti MB&F / Bulgari

Cette année, la collaboration s’est inversée. C’est au tour de l’horloger indépendant de transposer dans son univers mécanique l’une des icônes historiques de Bulgari : la Serpenti, née en 1948. Il l’a métamorphosée en un impressionnant reptile mécanique, comme prêt à bondir. « C’était déjà une pièce sculpturale de joaillerie et d’horlogerie depuis sa création. L’idée était d’en faire une sculpture intégrant un mouvement mécanique fou », résume Maximilian Büsser. Ainsi, son boîtier complexe tout en courbes ne retient pas moins de cinq verres saphir, une construction très difficile à fabriquer et à assembler. Afin de parvenir à une étanchéité à 30 mètres, ses cinq verres saphir, dont les yeux du serpent et la section arrière facettée, sont tout aussi courbés.

Et c’est cet exploit de fabrication qui permet de plonger le regard dans celui du serpent mais aussi dans le moteur horloger de l’animal. « J’ai réalisé tous les dessins la même semaine, se souvient Fabrizio Buonamassa Stigliani, de Bulgari. Les yeux sont très importants sur la Serpenti, avec leur large ouverture pour regarder les heures et les minutes. J’avais en tête de retravailler le mouvement de la Bulldog de MB & F afin de l’intégrer. Les premiers dessins remontent à 2022, cette pièce extraordinaire nous aura pris trois ans. Je suis installé à Neuchâtel, Maximilian à Dubaï. Nous avons tout développé à distance ! »

Bulgari × MB & F Serpenti MB&F / Bulgari

La première collaboration entre les deux créatifs s’était tellement bien passée qu’Antoine Pin, alors directeur de l’horlogerie chez Bulgari, a proposé au fondateur de MB & F de travailler sur la Serpenti. « Il me confiait son icône, la pièce maîtresse de l’histoire de la marque !, s’étonne-t-il encore aujourd’hui. Fabrizio a pris ses crayons, et je lui ai soumis mes critères puisque le projet était tridimensionnel, ce que l’on maîtrise maintenant depuis vingt ans. Tout ce qu’il a dessiné était magnifique, mais aussi horriblement difficile à usiner ! Quand vous créez une montre ronde, vous n’avez au fond que quatre variables à prendre en compte : la carrure, la couronne, les poussoirs et les cornes. Et toute l’industrie tourne autour de cela depuis cent ans. Mais avec une pièce comme la Serpenti, vous en avez 90, comme pour une voiture. Heureusement que Fabrizio était là. Il a été designer automobile, ce que j’ai toujours rêvé d’être. Nos ingénieurs ont veillé à coller à ses dessins, et il a l’œil, ce qui n’est pas donné à tout monde. Il n’est pas qu’un designer, ayant également supervisé la production de nombreuses pièces, il connaît les problématiques techniques et est toujours à l’écoute. »

Bulgari × MB & F Serpenti MB&F / Bulgari

De face, de côté, de dessus, de dos… Selon l’angle sous laquelle on le regarde, ce serpent mécanique semble se métamorphoser. L’inspiration Serpenti se mélange à une carrosserie digne d’un bolide de légende (italien, bien sûr). Les couronnes font penser à des roues, quand le verre saphir complexe « à portée » est façonné comme les ailerons fixés à la vitre arrière d’une voiture de sport. La partie apparente du mouvement, elle, inclut des composants évoquant ceux des moteurs de voiture, tels les culbuteurs. À l’intérieur du boîtier sophistiqué, on retrouve un mouvement conçu et développé en interne par MB & F, visant à donner vie à cette Serpenti en animant ses yeux. Des dômes pivotants en aluminium affichent heures et minutes, celui de gauche opérant une rotation complète en 12 heures, et celui de droite en 60 minutes.

Ces deux dômes possèdent un revêtement Super-LumiNova appliqué à la main, le regard du serpent continue à briller dans le noir. Le cerveau mécanique du reptile est symbolisé par le balancier volant surdimensionné de 14 mm, fermement maintenu en place par un pont de balancier tridimensionnel gravé des noms des deux marques. Les couronnes séparées intégrées aux cornes arrière de la Bulgari × MB & F Serpenti servent au remontage de la montre et au réglage de l’heure. Enfin, son dos révèle l’indicateur de réserve de marche ainsi que certains des 310 autres composants du mouvement fini à la main.

« Je n’ai jamais vu un objet horloger avec une telle obsession pour le détail, confie Fabrizio Buonamassa Stigliani. C’est l’une des pièces les plus incroyables que nous ayons sorties. » Cette Serpenti revisitée est proposée en trois séries de 33 exemplaires (acier à revêtement PVD noir et yeux rouges ; titane et regard bleu ; or rose et yeux verts perçants). Une quantité imposante pour une marque indépendante qui produit environ 400 pièces par an. Les premiers exemplaires sont d’ores et déjà disponibles, il faut compter de 140 000 à 161 000 euros pièce, selon la finition.

Bvlgari x MB & F Serpenti MB&F : Bulgari