Donald Trump déclare la guerre commerciale au monde, en pilonnant l'Asie et l'Europe

"Oeil pour oeil, dent pour dent." Donald Trump a lancé mercredi 2 avril une brutale charge commerciale en annonçant des droits de douane très lourds en particulier contre l'Asie et l'Union européenne, au risque d'asphyxier l'économie mondiale.

Le président américain, enterrant le principe du libre-échange que les États-Unis ont tant poussé pendant des décennies, a vanté une "déclaration d'indépendance économique". Pendant une cérémonie à la Maison Blanche, il a promis à nouveau un "âge d'or" à l'Amérique.

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"Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis", a asséné Donald Trump, avant d'exhiber une liste des partenaires commerciaux concernés, avec les droits de douane qui leur seront imposés.

Une entrée en vigueur en deux temps

L'offensive de la Maison Blanche s'articule ainsi : un droit de douane plancher de 10 % sur toutes les importations ainsi que des surtaxes ciblées pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

Ces surtaxes sont censées répondre aux barrières dites "non tarifaires" mises par ces pays à l'entrée de produits américains, par exemple des réglementations sanitaires, des normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales telles que la TVA.

L'addition est astronomique pour la Chine, dont les produits feront l'objet d'une nouvelle taxe à l'importation de 34 % qui s'ajoute aux 20 % de droits de douane additionnels déjà mis en place par l'administration Trump.

Les marchandises de l'Union européenne prendront 20 % de taxes. Les taux ont été fixés à 24 % pour le Japon, 26 % pour l'Inde, 31 % pour la Suisse, 46 % pour le Vietnam...

Donald Trump a assuré qu'il s'agissait au final d'une forme "gentille" de réciprocité.

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La taxe généralisée de 10 % entrera en vigueur le 5 avril à 4 h 01 GMT et les droits de douane majorés le 9 avril à 4 h 01.

Pour Maurice Obstfeld, économiste du Peterson Institute for International Economics (PIIE), ces taxes sont "une déclaration de guerre à l'économie mondiale" et vont se révéler "absolument écrasantes" pour certains pays.

Le président américain a aussi mis fin à l'exemption de droits de douane dont bénéficiaient les petits colis envoyés de Chine, qui a bénéficié aux géants chinois du commerce électronique Shein ou Temu.

Encaisser avant de riposter

Ni le Mexique ni le Canada n'apparaissent sur la liste fournie par la Maison Blanche. Un haut responsable américain a précisé que ces deux pays, signataires d'un accord de libre-échange avec les États-Unis, relevaient d'un autre régime.

Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral, sort relativement indemne de la charge protectionniste, avec un taux plancher de 10 %.

"Notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord", a réagi mercredi le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds.

L'Union européenne a déjà promis de répliquer "avant la fin du mois d'avril", selon la porte-parole du gouvernement français.

Mais l'industrie chimique allemande, dont les États-Unis sont le premier marché d'exportation, a appelé l'UE à "garder la tête froide", soulignant qu'"une escalade ne ferait qu'aggraver les dégâts".

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L'Irlande, qui enregistre l'excédent le plus large des membres de l'UE avec les États-Unis, a plaidé pour une réponse "proportionnée."

"Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade", a déjà averti le ministre américain des Finances, Scott Bessent.

La défense du protectionnisme

Donald Trump présente les droits de douane comme une baguette magique capable de réindustrialiser le pays, de rééquilibrer la balance commerciale et d'éponger le déficit budgétaire.

Le chef de file des sénateurs démocrates Chuck Schumer a lui au contraire fustigé une "guerre commerciale absurde, folle, chaotique", qui va "coûter plus de 6 000 dollars par an à un ménage américain moyen", sous forme de hausse du prix des produits importés.

Fasciné par le protectionnisme en vigueur aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, qu'il a encore évoqué mercredi en assurant que l'Amérique n'avait "jamais été aussi riche" qu'à cette période, Donald Trump a jusqu'ici balayé les risques d'inflation et de récession.

Jeudi, à 4 h 01 GMT, Washington prévoit, séparément, d'imposer 25 % de taxes additionnelles sur les voitures fabriquées à l'étranger, ainsi que les pièces détachées.

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Depuis son retour à la Maison Blanche, le républicain avait déjà augmenté les droits de douane sur des produits venant de Chine, ainsi que sur tout l'acier et l'aluminium entrant aux États-Unis.

Avec AFP