Arménie : des centaines de manifestants dans la capitale pour exiger la démission du premier ministre Pachinian
Plusieurs centaines d'Arméniens ont manifesté mercredi à Erevan pour protester contre l'intention du gouvernement de céder des terres à l'Azerbaïdjan, voisin et grand rival, dans le cadre de pourparlers de paix. Plusieurs manifestations ont eu lieu depuis avril pour protester contre cette décision des autorités arméniennes de remettre à l'Azerbaïdjan des villages conquis et contrôlés par l'Arménie depuis les années 1990.
Mercredi soir, d'importants effectifs de police ont entouré une place du centre d'Erevan, devant l'Opéra, où le premier ministre Nikol Pachinian devait prononcer une intervention devant une conférence internationale. Des centaines de protestataires se sont rassemblées sur les lieux à l'appel du meneur du mouvement, le charismatique archevêque Bagrat Galstanian, qui réclame la démission de Nikol Pachinian, a constaté un journaliste de l'AFP.
«Sinon l’Arménie est foutue»
Nikol Pachinian «doit démissionner, sinon l'Arménie est foutue», a déclaré à l'AFP un manifestant, Tigran Balasanian, 54 ans, vendeur. Pour Nune Sargsian, femme au foyer de 60 ans, «Pachinian a franchi toutes les lignes rouges possibles, il a lâché le pays, il doit partir et laisser une chance à l'Arménie à genoux de se relever». Les concessions territoriales de Nikol Pachinian à Bakou, qu'il affirme devoir faire pour sécuriser la paix avec l'Azerbaïdjan, ont déclenché des manifestations marquées par des blocages d'axes routiers.
Le mouvement est conduit par l'archevêque Bagrat Galstanian, titulaire du diocèse de la région de Tavouch où se trouvent les villages qui doivent être restitués à l'Azerbaïdjan. Le prélat veut obtenir le lancement d'une procédure de destitution à l'encontre de Nikol Pachinian. Les partis de l'opposition auraient besoin du soutien d'au moins un député indépendant ou d'un membre du parti au pouvoir pour lancer une procédure de destitution dont le succès dépendrait ensuite du vote d'au moins 18 députés du parti de Nikol Pachinian qui se retourneraient contre lui.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés dans deux guerres pour le contrôle de la région azerbaïdjanaise du Haut-Karabakh, puis Bakou a lancé en 2023 une offensive lui ayant permis de reprendre le contrôle de ce territoire, en chassant les séparatistes arméniens qui le dirigeaient depuis trois décennies.