De passage à Marseille pour le week-end, Marc ne voulait pas rater ça. Le Londonien n’en croyait pas ses yeux en lisant le Guardian . À la surprise générale, après plusieurs mois de silence, l’artiste très secret a choisi Marseille pour réaliser une nouvelle œuvre sous forme de pochoir. L’annonce a été faite par l’artiste lui-même, sur Instagram. «Mais le Guardian s’était trompé sur la localisation et avait écrit que c’était au Panier, affirme Marc. On le cherche depuis ce matin.»
C’est dans une artère discrète du 7e arrondissement de Marseille, non loin de la plage des Catalans, que l’artiste a réalisé un phare sombre duquel apparaît une lumière blanche qui semble jouer avec l’ombre d’un poteau. Une phrase mystérieuse recouvre l’œuvre d’art: «I want to be what you saw in me» («Je veux être ce que tu as vu en moi»).
L’adresse exacte, rue Félix-Frégier, a été donnée quelques heures après par les médias. Mark a alors tanné son ami François pour immortaliser l’instant avec un selfie. «J’adore Banksy», se réjouit Marc. «En plus, on vit dans un Airbnb à 200 mètres. C’est comme si on avait tutoyé les étoiles ! C’est tellement cool de voir l’œuvre juste après sa réalisation.» «C’est la première fois que je vois un Banksy», s’enthousiasme François. «Moi, j’en avais vu un une fois, mais derrière une vitre»
«Un beau symbole»
L’émerveillement est semblable du côté de Nicole et sa fille Emily, deux Anglaises originaires - comme Banksy - de Bristol, venues à Marseille pour le concert de Bruce Springsteen au Vélodrome ce samedi soir. «C’est mon fils qui nous a informés, explique Nicole. Quelle coïncidence ! C’est très excitant. On espère que ça va rester comme ça... » «Je parie que Bansky est venu voir le concert comme nous !», s’amuse sa fille.
De passage également à Marseille pour le concert de la star du rock, un groupe de Belges en visite à vélo dans la ville a demandé explicitement à leur guide marseillaise Fabienne de faire le détour, après avoir appris la nouvelle par un média flamand. «Je suis un grand fan et j’ai déjà vu plusieurs de ses œuvres, confie Bart. Je trouve qu’avec la position du poteau, tout est dit. C’est plus qu’un poteau, et on peut faire le parallèle avec les réfugiés en mer.» «Je trouve que le phare est un beau symbole», applaudit Christine. «Ça peut être une lumière pour les autres», renchérit Eva.
«J’avoue, moi, que, ce matin, en passant, si je l’avais vu faire son truc sur le mur, je me saurais dit que c’était un mec de plus qui taguait dans Marseille», s’amuse leur guide Fabienne. Les Marseillais habitués du quartier semblent en effet bien indifférents à la nouvelle. Fabienne interpelle un homme qui marche avec une poussette sur le trottoir où se situe le phare. «Vous voulez passer devant une œuvre d’art ?» L’homme s’arrête interloqué. «C’est l’œuvre de Banksy !», explique la guide marseillaise. Le père de famille désigne son enfant dans la poussette en souriant. «Vous êtes en train de dire que mon chef-d’œuvre va passer devant un autre chef-d’œuvre ?»