Meurtre raciste à Puget-sur-Argens : "Personne n'est dupe sur le contexte et le climat politique qui règnent aujourd'hui en France", dénonce l'avocat de la famille

La mort de Hichem Miraoui "est le fruit d'une atmosphère qui existe dans le pays depuis maintenant quelques mois, quelques années, et qui se durcit chaque jour un peu plus", estime mardi 3 juin sur franceinfo Mourad Battikh, avocat de la famille de la victime. Il décrit "des pompiers pyromanes qui viennent éteindre le feu qu'ils ont eux-mêmes allumé". "Je ne fais pas de fixation sur Bruno Retailleau en personne, poursuit l'avocat. Néanmoins, personne n'est dupe sur le contexte et le climat politique qui règnent aujourd'hui en France."

Hichem Miraoui, 46 ans, coiffeur à Puget-sur-Argens (Var), a été assassiné samedi soir par un voisin qui a revendiqué son acte dans des vidéos publiées sur Facebook, y tenant des propos racistes et incitant à la violence contre les personnes d’origine étrangère. "Il y a une dimension terroriste puisque le mis en cause voulait tuer des étrangers", a jugé lundi Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, qui parle de crime "raciste" et "prémédité"

"Retirer la vie au nom du drapeau français"

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi lundi de l'enquête. Ce dont se félicite Mourad Battikh : "C'est tout sauf un fait divers. On est face à une idéologie, on est face à une préméditation. On est face à un individu qui n'a probablement pas agi seul, en tout cas pas agi seulement sous le coup d'une impulsion. On est sur quelqu'un qui agit avec une idéologie profonde."

"Il faut prendre le temps de la réflexion et se demander comment est-ce que des individus arrivent à l'acte irréparable, au crime le plus odieux qui est de retirer la vie, au nom du drapeau français, poursuit Mourad Battikh. Aujourd’hui, on fait du drapeau français l’étendard d’une idéologie haineuse. C’est absolument triste et scandaleux." 

L’avocat rappelle avoir déjà alerté les autorités après la mort d'Aboubakar Cissé, Malien de 22 ans tué de dizaines de coups de couteau dans une mosquée du Gard : "J'avais dit au Parquet national antiterroriste : attention, ce n’est pas un cas isolé, ce n’est pas un fait divers, ce qui se passe est le fruit de quelque chose de plus large qui est en train de nous dépasser. Aujourd’hui, malheureusement, les faits me donnent raison."

Mourad Battikh adresse un message au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau : "S’il veut rencontrer [la famille], il fera la proposition et ensuite, à charge pour la famille d’accepter ou de refuser. En tout état de cause, je crois que c’est son rôle effectivement, a minima, de faire cette proposition".