À quelques semaines de son investiture, le président élu des États-Unis continue à constituer la future équipe qui l’entourera à la Maison-Blanche. Dimanche 22 décembre, Donald Trump a annoncé la nomination de Stephen Miran pour diriger le Conseil des conseillers économiques («Council of economic advisers», CEA) de la Maison Blanche lors de son second mandat qui débutera le 20 janvier 2025. «Steve travaillera avec le reste de mon équipe économique pour créer un grand boom économique qui soulèvera tous les Américains», a déclaré le futur locataire de la Maison Blanche.
Fondé en 1946, le CEA a un rôle essentiellement consultatif au sein du bureau présidentiel. Dirigé par trois économistes, il émet des analyses macroéconomiques sur les effets des mesures envisagées par le National Economic Council (NEC). Ce dernier est ensuite chargé de coordonner et mettre en œuvre les objectifs de politique économique du président. Les experts «analysent et interprètent les développements économiques et formulent et recommandent des politiques économiques qui favorisent les intérêts du peuple américain», résume la Maison Blanche.
Peu connu du grand public, Stephen Miran est titulaire d’une thèse d’économie de Harvard, où il a notamment été formé par l’économiste Martin Feldstein qui présida le CEA sous la présidence de Ronald Reagan. Après une première carrière d’analyste financier et de gestionnaire de portefeuille chez Sovarnum Capital, il rejoint l’administration américaine pour la première fois en 2020 avec un poste de conseiller en politique économique au Département du Trésor. Il est également stratège chez Hudson Bay Capital et associé du think tank Manhattan Institute depuis avril 2023.
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Un conseiller favorable aux cryptomonnaies
Stephen Miran, dont la nomination doit encore être confirmée par le Sénat avant janvier 2025, s’est dit «honoré» et «impatient de travailler à la mise en œuvre du programme politique du président pour créer une économie florissante et non inflationniste qui apporte la prospérité à tous les Américains». L’économiste s’est réjoui du soutien affiché par Donald Trump, mi-novembre, en faveur de l’imposition de droits de douane sur les importations, en particulier sur la Chine, le Canada et le Mexique. «Faire passer les tarifs douaniers effectifs de 2% à 20% semble bien meilleur que de faire passer les taux marginaux d’imposition sur le revenu de 30 % à un niveau encore plus élevé», a-t-il déclaré. Plus tard, il a réitéré son soutien aux politiques tarifaires du Républicain, en écrivant sur son compte X : «Je suis ravi que le président Trump utilise déjà les tarifs douaniers pour obtenir un levier de négociation afin d’améliorer les résultats en matière de sécurité pour les Américains».
Invité du podcast The Bitcoin Layer le 12 décembre dernier, le futur économiste de la Maison Blanche a déclaré que les États-Unis devraient se concentrer sur des politiques favorisant «l’innovation». «Je pense que la cryptomonnaie a un rôle important à jouer dans l’innovation et dans l’ouverture d’un autre boom économique sous une administration Trump», a-t-il ainsi déclaré à Nik Bhatia, l’animateur du podcast. La communauté crypto s’est émue de cette nomination qui arrive peu de temps après celle de David Sacks, annoncé comme le «tzar de la crypto et de l’IA de la Maison-Blanche» par Trump lui-même. De même pour la nomination de Paul Atkins, autre défenseur des cryptomonnaies, à la tête de la Securities and Exchange Commission (SEC) début décembre. Mais en comparaison de ces deux mastodontes, le futur président du CEA se fait encore plus que discret dans l’univers des cryptomonnaies.
Celui qui navigue entre l’investissement privé et les institutions économiques est surtout connu pour son opposition à Jerome “Jay” Powell, le président de la Réserve fédérale. Il a notamment questionné l’indépendance de la Fed vis-à-vis du Département du Trésor. «Une banque centrale indépendante produit de meilleurs résultats monétaires à long terme, car elle peut prendre des décisions axées sur l’économie plutôt que sur le calendrier politique à court terme», écrivait-il en octobre dernier dans l’hebdomadaire économique Barron’s. Il s’est aussi attaqué dans une publication de la société Hudson Bay Capital à la stratégie du Trésor qui selon lui consiste à court-circuiter la Fed en émettant des obligations à court terme pour booster les taux de ces dernières et favoriser l’investissement à long terme.