Le verdict du procès de l’attentat de Strasbourg attendu ce jeudi
Après cinq semaines d'audience, la cour d'assises de Paris rend son verdict ce jeudi 4 avril à l'encontre de quatre hommes, accusés d'avoir joué un rôle dans la préparation de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg, qui avait fait cinq morts et 11 blessés en décembre 2018.
En l'absence de l'auteur des coups de feu, le djihadiste Chérif Chekatt abattu par la police au terme de quarante-huit heures de traque, le principal accusé est un délinquant multirécidiviste à qui le parquet reproche d'avoir joué un rôle majeur pour aider l'assaillant à se procurer le pistolet utilisé pendant la tuerie.
«J'ai une grande pensée et beaucoup de tristesse pour toutes les victimes. Toute ma vie je regretterai ce qui s'est passé», a déclaré jeudi matin Audrey Mondjehi, 42 ans, lorsque la parole lui a été donnée une dernière fois avant que la cour, spécialement composée de magistrats professionnels, ne se retire pour délibérer. «Jamais j'aurais pensé qu'il [Chérif Chekatt, ndlr] aurait fait ça, jamais j'ai pensé qu'il était radicalisé», a ajouté le quadragénaire, qui encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu dans la journée, probablement pas avant la fin de l'après-midi ou le début de soirée.
Le principal accusé ignorait-il la radicalisation du djihadiste ?
Mardi, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis trente ans de réclusion criminelle contre Audrey Mondjehi, jugé pour «complicité d'assassinats (...) en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs terroristes en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes». Pour l'accusation, l'accusé a entretenu avec Chérif Chekatt une relation «intense et soutenue» pendant les trois mois qui ont précédé l'attentat et «apparaît à tous les stades de la préparation et de l'exécution» de son projet criminel.
Pour ses défenseurs, Audrey Mondjehi n'est certes «pas innocent» puisqu'il reconnaît avoir «servi d'intermédiaire» pour fournir une arme à l'assaillant, mais il ignorait tout de la radicalisation et du projet du djihadiste. De ce fait, il ne doit pas être condamné pour des faits de terrorisme, mais uniquement pour «association de malfaiteurs de droit commun», a plaidé mercredi l'un de ses avocats, Me Michaël Wacquez.
Les autres accusés, des «maillons remplaçables» ?
Les trois autres accusés, âgés de 34 à 39 ans, ne sont pas poursuivis pour des infractions terroristes : on leur reproche également un rôle d'intermédiaire, mais de moindre importance. Le parquet a requis cinq ans de prison contre les deux premiers.
L'un se voit reprocher d'avoir vendu deux armes à Audrey Mondjehi, dont un fusil d'assaut Kalachnikov factice ou défectueux. Aucune n'a servi lors de l'attentat, et Christian H. est donc un «passager clandestin» dans cette procédure, a estimé l'un de ses défenseurs, Me Moad Nefati. L'autre, Frédéric B., est jugé pour avoir transmis à Mondjehi le numéro de téléphone du vendeur de l'arme. «Il a été un maillon, c'est certain, mais il était remplaçable», a plaidé son avocat Me Guillaume Halbique. Selon lui, si son client s'était abstenu, d'autres auraient certainement transmis ce numéro.
Quant au dernier accusé, Stéphane B., frère de Frédéric, le parquet avait lui-même proposé mardi de l'acquitter, concédant qu'il n'était pas présent le jour où Audrey Mondjehi et Chérif Chekatt ont été mis en relation avec le vendeur de l'arme. La justice doit «reconnaître qu'elle s'est trompée», a abondé mercredi son avocate Amandine Sbidian.
Un cinquième mis en cause aurait dû initialement être jugé : Albert B., 83 ans, qui a vendu à Audrey Mondjehi et Chérif Chekatt l'arme ayant servi à la tuerie, quelques heures avant l'attentat. Son cas a été disjoint en raison de son état de santé qui ne lui permettait pas de comparaître. Il pourrait donc être jugé seul, ultérieurement.