Un restaurateur archéologue qui travaillait dans le laboratoire de recherche des Musées de France a été blessé, fin juillet, au niveau de l’avant-bras, par l’instrument Aglaé, qui permet d’analyser la composition des œuvres.
Passer la publicité Passer la publicitéUn grave incident s’est produit le 22 juillet 2025 dans les sous-sols du Louvre, au Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF). Un employé a été irradié par l’accélérateur de particules Aglaé, le seul instrument du genre à être dédié à l’analyse des œuvres d’art. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a classé l’événement au niveau 3 sur l’échelle internationale (graduée jusqu’à 7 pour les accidents les plus graves). Il s’agit de l’incident nucléaire le plus sérieux depuis 2008 en France.
Installé dans l’enceinte du musée au moment des travaux du Grand Louvre, sous les jardins du Carrousel, l’outil permet de connaître la composition des matériaux d’une centaine d’œuvres chaque année. « On crée des particules, on les accélère, elles passent dans un long tuyau et un faisceau sort dans l’air en interagissant avec l’objet. Différents types de rayonnement sont émis, certaines particules rebondissent, créent de l’énergie, on peut déterminer ainsi l’épaisseur ou détecter de la dorure sans prélèvement, déterminer la proportion de cuivre et d’étain dans un bronze », expliquait un ingénieur à l’AFP en 2024.
Passer la publicitéUne série de défaillances techniques et humaines ont eu lieu le 22 juillet 2025, d’après Le Monde, notamment un capteur de sécurité hors service et des signaux mal positionnés. Le restaurateur serait entré dans la pièce alors qu’une analyse était en cours sur un fragment de trompette gallo-romaine découverte à Bavay (Nord). Il a été brûlé au premier degré en passant son bras devant le faisceau. La dose reçue n’est pas encore connue.
Un dysfonctionnement de l’automate de sécurité
Une inspection « non annoncée » de l’ASNR, menée le 30 juillet 2025, a révélé de nombreux manquements à la réglementation. « Cette inspection a permis d’examiner les premières causes identifiées par le C2RMF, parmi lesquelles figure un dysfonctionnement de l’automate de sécurité prévu par les normes applicables aux accélérateurs de particules dans les domaines industriels et la recherche. Ainsi, le faisceau de particules n’a pas été interrompu par l’automate de sécurité lorsque le travailleur s’est introduit dans la salle d’expérimentation. Par ailleurs, il ressort de l’inspection une culture de radioprotection perfectible, en particulier pour la prévention des risques liés à l’accélérateur de particules », détaille L’ASNR dans un communiqué publié le 1er août 2025.
Lors d’une précédente inspection, le 5 décembre 2023, l’autorité pointait « une prise en compte des problématiques liées à la radioprotection (…) globalement perfectible ». Le C2RMF avait agi sur une partie des problèmes signalés par le gendarme du nucléaire. Interrogée par Le Monde, la direction du C2RMF déclare que l’accident a permis de révéler des failles et affirme avoir lancé plusieurs mesures correctives : formation renforcée, nouveaux dispositifs de signalisation, registres de suivi, vérifications techniques. En raison de la bonne réaction du C2RMF, le gendarme du nucléaire n’a pas ouvert de procédure pénale. L’accélérateur est à l’arrêt et pourrait redémarrer en novembre si l’ASNR donne son accord.