Accidents, risques, modèles concernés... Tout comprendre au scandale des airbags Takata

L’affaire des airbags Takata défectueux continue de prendre de l’ampleur. Quelques jours après la mort d’une conductrice à Reims, le ministre des Transports a demandé mardi l’immobilisation en France de toutes les Citroën C3 et DS3 mardi 17 juin. Dans la foulée, Stellantis a étendu cette mesure à toute l’Europe. Ces véhicules ne faisaient l’objet jusqu’à présent que d’une simple campagne de rappel. Le Figaro fait le point sur l’un des plus gros scandales de l’histoire de l’automobile, qui prend ses racines au début des années 2000.

Takata, c’est quoi ?

Takata est le nom d’un équipementier automobile japonais, spécialisé dans les airbags, ceintures de sécurité et protections pour enfants. Fondée en 1933 mais empêtrée dans le scandale des airbags défectueux, croulant sous les dettes et les procès, la multinationale a déposé le bilan en 2017. Elle contrôlait environ 20% du marché. L’entreprise a été rachetée par son concurrent américain Key Safety Systems, lui-même propriété d’un groupe chinois. Les airbags Takata équipent encore des millions de véhicules dans le monde.

Pourquoi ses airbags sont-ils défectueux ?

Les airbags Takata sont rendus dangereux par la possible détérioration du gaz utilisé pour gonfler les coussins en cas de choc. La capsule qui le contient, de mauvaise qualité, n’est pas étanche. Avec le temps, l’humidité ou la chaleur, les cristaux de nitrate d’ammonium contenus dans ce gaz se transforment, provoquant des explosions intempestives. Du métal et des débris sont projetés à toute vitesse dans l’habitacle, causant des blessures potentiellement mortelles.

Combien de victimes ?

Les victimes des airbags Takata se comptent par centaines, partout dans le monde. Avec le nouveau décès survenu à Reims le 11 juin dernier, le ministère des Transports recense désormais 31 accidents en France liés aux airbags Takata. Ils ont provoqué quatorze morts : douze dans les Outre-mer, où les airbags se dégradent plus vite, et deux en métropole. Aux États-Unis, la NHTSA, l’agence fédérale chargée de la sécurité routière, dénombre 28 décès, et «au moins 400» blessés.

Y a-t-il des zones plus à risque ?

Sur son site internet, le gouvernement explique que «pour des raisons d’humidité et de chaleur», les véhicules circulant en Outre-mer sont plus exposés. Mais les véhicules circulant en métropole «peuvent également être concernés». En effet, le vieillissement des airbags augmente leur dégradation et donc leur dangerosité.

Comment l’affaire a-t-elle été révélée ?

La première explosion d’un airbag Takata aurait eu lieu en 2004, sur une route d’Alabama. Honda a effectué le premier rappel en 2008. Depuis, ce sont des centaines de millions de véhicules qui ont été rappelés à travers le monde.

Mais il y a plus grave. En 2014, des salariés de chez Takata aux États-Unis ont révélé à la presse et à la justice américaine que leur employeur connaissait les risques d’explosion, après de mauvais résultats de tests. «Déjà en 2000, des capsules explosaient dans la chambre forte de notre laboratoire à La Grange (État de Géorgie) pendant les tests pour Honda», explique David Schumann, un lanceur d’alerte cité par une enquête de Radio France. Outre-Atlantique, le fournisseur japonais a été condamné à payer un milliard de dollars d’amendes, et plusieurs de ses cadres ont été condamnés pour fraude.

Que font les constructeurs pour remédier au problème ? Pourquoi des rappels aussi tardifs ?

Depuis 2004 et le premier accident lié à l’explosion d’un airbag Takata, les constructeurs multiplient les rappels pour remplacer les airbags défectueux, partout dans le monde. Certains rappels sont assortis d’un «stop drive», c’est-à-dire que les conducteurs sont invités à ne plus utiliser leur véhicule. Les constructeurs surveillent également de près les nouveaux modèles d’airbags Takata avec agents déshydratants (dessiccants), censés retarder leur vieillissement. Ceux-là ne sont, pour le moment, pas rappelés.

Certains constructeurs sont visés par des procédures judiciaires dénonçant leur inaction. L’UFC-Que Choisir a ainsi déposé plainte contre Stellantis en janvier dernier pour «pour pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée et mise en danger délibérée de la vie d’autrui». Aucun rappel n’avait été effectué par le constructeur avant 2023, alors que Takata a été condamné dès 2017 aux États-Unis, dénonce l’association de consommateurs. Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, estime que «l’attitude de l’entreprise n’est pas à la hauteur des enjeux et des risques encourus», selon son cabinet.

Quelles marques sont concernées par les rappels ?

Le gouvernement estimait en février dernier que plus de 2,3 millions de véhicules circulaient encore en France métropolitaine avec un airbag défectueux. Il fournit sur son site internet une liste des modèles concernés par une campagne de rappel en cours ou déjà planifiée. La liste est à retrouver en cliquant sur ce lien. De manière générale, si votre véhicule a été construit entre 1998 et 2019, le gouvernement recommande de vérifier vos courriers ou de contacter le constructeur pour «vérifier si vous êtes concerné».

Une autre manière de savoir si vous êtes concerné et de trouver votre numéro d’identification du véhicule (VIN). Ce numéro unique de 17 caractères est inscrit sur la carte grise à côté de la lettre E, sur le tableau de bord côté conducteur ou bien sur votre carnet d’entretien/garantie. Puis rendez-vous sur le site de votre constructeur automobile.

Que faire si mon véhicule est concerné ?

Si votre véhicule est concerné par une campagne de rappel, contactez un réparateur ou un garagiste de la marque pour planifier une réparation. Suivez les recommandations du constructeur pour savoir si vous devez utiliser votre véhicule défectueux pour vous rendre à la réparation, ou bien attendre que le réparateur vienne à vous.

Changer son airbag défectueux est-il obligatoire ?

Pas d’amende si vous roulez avec un airbag défectueux. Il pourrait y avoir en revanche un risque côté assureur, ce dernier pourrait refuser de vous indemniser au motif que vous avez sciemment ignoré les mesures de rappel et/ou de stop drive.

Faut-il payer pour le changement d’airbag ?

Le remplacement des airbags est gratuit. Il est pris en charge à 100% par le constructeur du véhicule.