«On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène» : Besnehard déplore l’attitude de certaines actrices à l’ère de #MeToo

L'ancien agent de stars et producteur Dominique Besnehard a mis en cause jeudi 13 mars, le comportement d'actrices qui ont accusé Harvey Weinstein ou Gérard Depardieu de viols, lors d'une audition mouvementée à l'Assemblée nationale. L'homme de 71 ans, dans le métier depuis cinquante ans, a revendiqué appartenir « à l'ancien monde », au début de son audition devant la commission d'enquête sur les violences commises dans le cinéma.

Il a notamment été interrogé sur le comportement de Gérard Depardieu, avec qui il a travaillé par le passé, et en faveur duquel il a signé une pétition de soutien dans les colonnes du Figaro, « par fidélité » pour la fille de l’acteur, Julie. Dominique Besnehard a répondu en mettant en cause l'actrice Charlotte Arnould, qui accuse Depardieu de l'avoir violée à son domicile. L'acteur a été mis en examen dans cette affaire et le parquet a requis un procès à son encontre. « Généralement, les cours de théâtre, on les fait dans un cours de théâtre, on ne va pas à domicile chez un acteur », a déclaré Dominique Besnehard à propos du comportement supposé de la plaignante.

Des actrices qui « veulent se faire une carrière »

L’ancien agent le plus puissant du cinéma français a également abordé l’affaire Harvey Weinstein, le producteur roi d’Hollywood jusqu’à sa chute retentissante en 2017, lorsque des dizaines de femmes l’ont accusé de harcèlement, d’agression sexuelle ou de viol, déclenchant l’onde de choc planétaire #MeToo. Il a, là encore, mis en cause le comportement des plaignantes : « Quand j’étais agent, j’ai vu des actrices un peu dépasser les bornes. On ne va pas dans un hôtel avec un metteur en scène. Excusez-moi, Weinstein qui allait à Cannes, certaines actrices allaient dans sa chambre pour peut-être faire une carrière américaine. Je l’ai vu ça ! J’ai même des actrices dont je m’occupais qui y sont allées ! » Avant de donner l’exemple de Béatrice Dalle qui, elle, a refusé à l’époque les avances de Weinstein au festival de Cannes.

La présidente et cofondatrice de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, se dit « choquée » par les propos de l’ancien agent de stars. « On est huit ans après #Metoo et pourtant Dominique Besnehard, comme d’autres personnes, n’ont toujours pas compris ce que l’on voulait dire », déclare-t-elle à FranceInfo  ce vendredi 14 mars. Le sujet « n’est pas de savoir si les femmes refusent de monter dans la chambre du producteur car de base, il ne devrait pas y avoir ce genre de proposition. Les actrices ne sont pas un grand marché sexuel dans lequel on peut se servir en échange d’un rôle dans un film. »

« Je suis la personne qui connaît le mieux les actrices »

Il a par contre salué le courage d'autres actrices qui, selon lui, refusaient ce genre de propositions: « Je suis peut-être la personne qui connaît le mieux les actrices » a-t-il ajouté en citant les stars Nathalie Baye, Isabelle Adjani... « Je ne crois pas qu'Isabelle Huppert, jeune comédienne, monte dans un hôtel avec un producteur qui a une mauvaise réputation, je suis désolé », dit-il. Malgré tout, Dominique Besnehard a salué le mouvement #MeToo. « C'est important car maintenant on ne peut plus dire qu'on ne sait pas ». Il a tenu à souligner le courage de l'actrice Noémie Kocher, qui avait accusé, bien avant la vague #MeToo, le cinéaste Jean-Claude Brisseau de harcèlement sexuel. Ce dernier a été condamné en 2005 puis est décédé en 2019.

Repris par la présidente de la commission d'enquête, la députée écologiste Sandrine Rousseau, Dominique Besnehard a perdu son calme, au cours de l'une des auditions les plus mouvementées depuis la création de cette instance, qui a auditionné des dizaines de responsables de la culture et du cinéma, et doit rendre son rapport dans un mois. « Si c'est mon procès, je me taille ! Vous arrêtez de faire la morale à tout le monde, ça commence à bien faire ! », a-t-il lancé à Sandrine Rousseau. Il est finalement resté plus d'une heure, et a pu entendre la députée lui répondre. Car c’était moins une audition parfois qu’un duel de points de vue.

« Loin d'être de la morale comme vous l'avez qualifiée, la question est de savoir comment on fait respecter le droit et le corps des personnes. Plein de gens ont quitté le cinéma à cause de ça, le cinéma a perdu des talents (...) car il y a eu une forme de complaisance, a-t-elle souligné. Vous qui dites tout le temps que vous êtes de l'ancien temps, je conclurai en vous disant : “ Soyez de ce temps-là, M. Besnehard, parce que nous avons aussi besoin de vous.”»

«Je ne supporte pas certaines personnes du #Metoo , comme Sandrine Rousseau. Je pense qu’elle est sotte. J’ai rencontré des grandes féministes comme Jeanne Moreau ou Delphine Seyrig, elle n’en fait pas partie », affirmait Dominique Besnehard, invité du « Club Le Figaro Culture » en 2023.

En février 2024, quelques comédiens ont accusé, dans les colonnes du Nouvel Obs, Dominique Besnehard d’agressions sexuelles. L’ancien agent de stars est accusé de baisers forcés. « Je les ai peut-être dragués, et alors ?s’est défendu le producteur. Il faut faire attention, aujourd’hui, sous prétexte de #MeToo, on dit et on fait n’importe quoi . Vous me reprochez quoi ? D’avoir dragué ? Draguer est une chose, abuser de son pouvoir en est une autre. Jamais de ma vie, je n’ai promis un rôle contre une faveur. »