Enfants à la rue : «face à une situation qui s’aggrave», la mairie écologiste de Bordeaux héberge des familles

Depuis plusieurs semaines, des parents d’élèves s’activent pour venir en aide aux nombreuses familles dont les enfants sont scolarisés à Bordeaux et n’ont pas de logement ou sont actuellement dans des situations de grande précarité. Le mois dernier, ces parents sont allés jusqu’à occuper une école bordelaise pour y faire dormir une famille avec des enfants n’ayant nulle part où aller. La mairie écologiste de Bordeaux a voulu leur venir en aide, notamment par le biais de son centre communal d’action social (CCAS).

«Bordeaux, comme beaucoup de grandes villes et métropoles, connaît une aggravation de la situation du sans-abrisme», déplore la municipalité. En dix ans, le nombre de SDF a doublé en France. À Bordeaux, cette situation concernerait «notamment des familles avec enfants, scolarisés dans les écoles maternelles et élémentaires». La ville souligne que des collectifs de parents d’élèves et des directions d’établissements scolaires se sont mobilisés pour «signaler ces situations» et aider eux-mêmes à l’hébergement de ces familles, en organisant l’occupation d’une école ou encore en les accueillant chez eux.

«En soutien à cette initiative, le CCAS a pris le relais par le financement de nuitées d’hôtel pour la période des vacances scolaires», détaille la mairie, qui «prolonge son aide en attendant que les services de l’État proposent une orientation vers un dispositif de mise à l’abri ou d’hébergement temporaire». Un travail est par ailleurs mené «à plusieurs niveaux» par la municipalité avec les partenaires sociaux, les associations, les parents d’élèves et les directions des écoles de la ville, pour «repérer les familles en situation de sans-abrisme».

«Tous les ans, ça recommence»

Le collectif de parents «Un toit pour tous les enfants de nos écoles» déplore que «tous les soirs dans la métropole bordelaise, des familles avec des enfants, même en bas âge, appellent le 115 [le numéro d’urgence sociale] pour demander à être hébergées», mais qu’on leur répond «qu’il n’y a pas de places pour les familles». Selon ces parents d’élèves, à l’origine de l’occupation de l’école du Pas Saint-Georges, «c’en est trop, tous les ans, ça recommence», et «ce n’est pas aux citoyens de faire en sorte que des enfants ne dorment pas dans la rue». Ils estiment que «l’État doit assumer ses responsabilités en matière d’hébergement d’urgence inconditionnel, comme la loi l’y oblige».

La mairie précise en effet à cet égard que «l’hébergement des parents isolés avec enfants de moins de trois ans relève de la compétence du département, les autres situations de sans-abrisme relèvent de la compétence de l’État», tout en assumant sa «politique volontariste» sur ce sujet. «Aujourd’hui des enfants passent la soirée et la nuit à la rue et étudient la journée dans les écoles de la ville . Cette réalité est insupportable», insiste Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux. «Face à une situation qui s’aggrave à Bordeaux, comme dans d’autres agglomérations, nous agissons pour proposer de nouveaux lieux d’accueil et développer des réponses supplémentaires.» 

Depuis 2020, la mairie affirme ainsi avoir doublé le financement des nuitées d’hôtel et fortement mobilisé son patrimoine municipal, hébergeant 158 personnes dont 70 enfants. Depuis septembre, la ville de Bordeaux a par ailleurs mis à disposition deux presbytères lui appartenant, pour héberger des familles avec des enfants dans le besoin, à l’approche de l’hiver. «La ville multiplie ses engagements pour développer des réponses complémentaires. Bordeaux prend sa part et majoritairement sur ses fonds propres.»