Mort de Werenoi : "C'est la stupéfaction, c'est quand même un artiste qui était en pleine ascension", réagit Olivier Cachin
"C'est la stupéfaction, il avait 31 ans, c'est quand même un artiste qui était en pleine ascension", réagit sur franceinfo, samedi 17 mai, le spécialiste du rap Oliver Cachin, après la mort soudaine du rappeur Werenoi à l'âge de 31 ans. Originaire de Montreuil en Seine-Saint-Denis. Jérémy Bana Owona de son vrai nom a connu une carrière de météore, en s'imposant comme l'artiste ayant vendu le plus d'albums en France en 2023 comme en 2024, selon les chiffres du Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).
"Il a commencé sa carrière très récemment et très vite il a été au top des streams. Je me rappelle avoir vu son nom dans les meilleurs streamers 2024 et très honnêtement je connaissais à peine un son ou deux", avoue Olivier Cachin. "Il était en pleine explosion car il a gagné aux 'Flammes' le trophée du meilleur album. Comme beaucoup de rappeurs, il faisait très peu de promo mais on l'a quand même vu dans l'émission 'Quelle époque' [interrogé par Léa Salamé]. Sa mort, c'est quelque chose d'assez stupéfiant et de très triste", poursuit Olivier Cachin.
"Il est très vite arrivé comme l'incontournable du rap français"
Werenoi a eu du succès dès le début de sa carrière, "un peu comme Damso il y a quelques années, c'était la valeur sûre pour avoir un hit, parce que Werenoi en featuring c'était la certitude d'avoir des streams par dizaines de millions et lui-même en tant qu'artiste solo avec son album Pyramide 2 a été au sommet de la pyramide très vite".
Ce type d'émergence est assez caractéristique de cette nouvelle génération de rappeurs, car "aujourd'hui les artistes sont très prolifiques, ils montent très vite à de très hauts niveaux. Il y a 15 ou 20 ans, un rappeur qui débutait pouvait espérer faire La Cigale à Paris, aujourd'hui c'est l'Accor Arena voire La Défense Arena au bout de même pas un an parfois. Werenoi témoignait de cette rapidité de notoriété qu'ont les rappeurs français aujourd'hui, il est très vite arrivé comme l'incontournable du rap français", analyse le spécialiste du rap.
"L'engagement ne fait pas partie de l'alpha et de l'oméga des nouveaux rappeurs"
Selon Olivier Cachin, "le rap a énormément changé car aujourd'hui, c'est une musique qui est beaucoup plus mélodique, beaucoup moins bloquée par cette hantise du commercial qui était celle du rap des années 90 où on était sur un côté politique et militant". De nos jours, "c'est souvent très dansant, très grand public. Que ce soit Werenoi, Jul, SCH, ils sont très différents de ce que pouvaient être NTM ou Ministère amer des années 90. Aujourd'hui, l'engagement ne fait pas partie de l'alpha et de l'oméga des nouveaux rappeurs, les thèmes sont plus sur l'ego trip, les valeurs matérielles".
C'est "une musique beaucoup plus ouverte au dancefloor, plus grand public que pouvait l'être le rap français qui souffrait à l'époque d'un désert médiatique. Aujourd'hui, avec internet, ils n'ont plus besoin d'avoir les grandes télés ou les grandes radios pour avoir un succès populaire et des streams par millions ou dizaines de millions".