Critérium du Dauphiné 2025 : pour Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard, l'heure des grandes retrouvailles à un mois du Tour de France

Le 12 mars 2023. C'est la date du dernier jour où Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard ont croisé le fer sur une course d'une semaine, lors d'un Paris-Nice remporté par le Slovène. Cela remonte donc à plus de deux ans, une petite éternité à l'échelle d'un calendrier cycliste très dense. Entre temps, les deux rivaux ne se sont croisés que deux fois : lors du Tour de France 2023, remporté par le Danois puis celui de 2024, remporté par le Slovène. Les deux rivaux vont se retrouver sur le Critérium du Dauphiné, qui débute dimanche 8 juin, depuis Montluçon, pour s'achever dimanche 15 juin, sur le plateau du Mont-Cenis. 

Avec une start-list "les meilleurs du monde sont là", selon Romain Bardet, qui y dispute sa dernière course en carrière, le Dauphiné proposera une ribambelle d'outsiders, parmi lesquels il ne faudra pas oublier Remco Evenepoel. Mais c'est évidemment le duel entre Tadej Pogacar et Jonas Vingegaard qui attirera tous les regards, à moins d'un mois du Tour de France. A vrai dire, ce sera surtout la capacité du deuxième à répondre au premier qui sera scrutée : le Danois n'a plus couru depuis sa commotion cérébrale décelée sur Paris-Nice, le 14 mars dernier.

Trois longs mois se sont écoulés et le leader de la Visma-Lease A Bike s'est affûté loin des regards, en stage. Le voici face au premier révélateur, lors de cette répétition officieuse de la Grande Boucle. "Je pense que je peux le battre et être beaucoup plus fort que l'année dernière. Je suis meilleur que l'an dernier et que l'année précédente. Je veux concourir pour la victoire finale", a asséné d'emblée le Danois avant le départ. 

Vingegaard montre les muscles

La vraie interrogation résidera dans sa capacité à résister chaque jour à un Tadej Pogacar qui s'est mué encore plus cette année en dictateur du bitume, avec sept victoires en 14 jours de courses. Mais le Danois ne compte pas se cacher. "Par rapport à l'année dernière ou il a eu une communication très discrète après sa chute [au Tour du Pays Basque], on a l'impression, cette année, qu'il envoie des messages forts, aussi bien par les réseaux sociaux que par ses prises de parole, où il dit qu'il est à son meilleur niveau de forme", observe Yoann Offredo, consultant pour franceinfo: sport.

Flanqué de ses lieutenants Sepp Kuss et surtout de Matteo Jorgenson, 2e de l'épreuve en 2024 derrière Primoz Roglic, le Danois aura sa garde rapprochée pour bousculer un Slovène pétri de certitudes et qui semble décider à lui seul du sort des courses sur lesquelles il s'aligne. "On a peur ni de Vingegaard, ni de personne. Tadej a l'habitude d'être au top toute l'année, et on s'attend à la même chose sur le Dauphiné", répond Andrej Hauptman, le directeur sportif de Pogacar chez UAE-Emirates XRG.

Sur un parcours sans étape de plaine, Jonas Vingegaard n'aura aucun tour d'échauffement, mais il avait montré lors du Tour 2024 qu'il n'en avait pas besoin. "L'année dernière, sur le Tour, alors qu'il effectuait sa reprise, il a été le seul capable de suivre les attaques de Pogacar dans la montée finale de la deuxième étape. Et finalement, il a tenu le suspense jusqu'à quatre jours de l'arrivée. Donc je pense qu'il va être frais", contextualise Yoann Offredo.

"Avec les datas, les coureurs savent exactement leur potentiel et ce qu'ils sont capables de faire. Vingegaard connaît très bien ce qu'il faut développer pour suivre un coureur comme Pogacar. S'il est là, c'est qu'à l'entraînement, il est capable de le faire."

Yoann Offredo, consultant cyclisme

à franceinfo: sport

Face à un Pogacar qui n'a pas l'habitude de calquer sa course sur les autres, Jonas Vingegaard entrera aussi dans une guerre psychologique qu'il a le droit de perdre, mais pas avec fracas, selon notre consultant : "Je pense qu'il va y avoir match, et de toute façon, il faut qu'il y ait match. Si Vingegaard perd 20-30 secondes sur Pogacar sur le contre-la-montre, ce sera un signe assez inquiétant. Il faut qu'il soit dans les clous, qu'il réponde présent en haute montagne et sur le chrono", estime Yoann Offredo.

L'échantillon de cette guerre d'échauffement donnera des enseignements, mais seul le Tour de France, qu'ils ont chacun remporté deux fois, donnera la vérité le 27 juillet prochain. "Quand on est un grand leader et qu'on veut gagner le Tour, il faut marquer des points psychologiquement et physiquement. Donc Vingegaard a tout intérêt à se lancer dans la bataille avec Pogacar", estime Yoann Offfredo. "Le fait que Pogacar ait dominé les classiques ne signifie pas qu'il dominera le Tour", a rappelé le Danois. Laisser la pression du favori à son rival, c'est sans doute le costume que préfère Jonas Vingegaard pour mieux le surprendre.