Guerre en Ukraine : Lecornu accuse les Insoumis d’«entretenir une confusion entre l'agressé et l'agresseur»

Jouer l’affrontement. Alors que la majorité accuse un retard d’une dizaine de points dans les sondages, à trois mois des élections européennes, elle entend bien incarner la voie centrale, de la raison, loin des deux partis politiques les plus radicaux : le RN et LFI. Voilà pourquoi la macronie espère bien faire de la stratégie française d’aide à l’Ukraine, à la faveur d’un débat mardi au Parlement, le théâtre d’un affrontement entre deux visions géopolitiques. Pour rappel, Emmanuel Macron n’avait fixé «aucune limite» en matière d’appui à Kiev, selon les propos rapportés par les oppositions après une entrevue la semaine dernière à l’Élysée. Pas de quoi rassurer certaines formations politiques, comme celle que dirige Manuel Bompard.

Invité du «Grand Jury-RTL-Le Figaro-M6-Paris Première» dimanche, le coordinateur de La France Insoumise a réaffirmé son hostilité à l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. Une adhésion qui ne permettrait pas de «donner des garanties de sécurité à la Russie». Ce qui n’a pas manqué de faire réagir depuis. Jusqu’au gouvernement. Dans une interview au Parisien , le ministre des Armées Sébastien Lecornu a accusé le patron des Insoumis de tenir des déclarations «stupéfiantes». Et d’«entretenir de nouveau une grande confusion entre qui est l'agressé, et qui est l'agresseur». «J'attends d'eux qu'ils donnent des éclaircissements sur ces propos qui sont très préoccupants», a d’ailleurs tempêté le membre du gouvernement.

«Des propos simplistes»

Sébastien Lecornu a beau vouloir débattre «sans état d'esprit de polémique politicienne», le ministre «regrette que nous entendions parfois des propos simplistes, avec certaines formations politiques qui ne sont pas toujours claires sur l'aide qu'il faut apporter à l'Ukraine.» Plus généralement, l’élu de l’Eure considère que les lignes rouges, fixées par les oppositions pour voter - ne pas envoyer de troupes au sol et ne pas faire rentrer l’Ukraine dans l’Otan - «ne sont pas à la hauteur des enjeux». Il leur demande de ne pas chercher à cliver, et de ne pas ajouter de la «diversion» aux débats. Qui se limiteront, selon lui, à l’accord de coopération signé entre la France et l’Ukraine le 16 février dernier. Des joutes qui seront suivies d’un vote. Optimiste, le ministre des Armées n’anticipe pas d’être mis en minorité. Il «n'ose imaginer un tel revirement».