«On n’est pas très sereins» : les habitants de La Réunion se barricadent avant l’arrivée du cyclone Belal

«Il faut prendre au sérieux, même très au sérieux, ce qui est en train de se passer». Le préfet de La Réunion a été très clair : le cyclone tropical Belal, qui doit s’abattre sur l’île française de l’océan Indien dans la nuit de dimanche à lundi, pourrait être particulièrement violent. Tout le territoire est passé en alerte rouge cyclonique depuis 20 heures (17 heures de Paris). Le premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin ont ouvert une cellule de crise à 19 heures.

La Réunion a connu de nombreux cyclones ces dernières décennies. Mais celui-ci s’annonce particulièrement éprouvant pour les habitants. «Les anciens le comparent déjà au cyclone Jenny de 1962», qui avait fait 37 morts et 150 blessés, raconte Xavier, 51 ans, directeur du développement des caves Nicolas, qui habite sur l’île depuis quatre ans. Car contrairement aux autres cyclones, celui-ci s’abattra directement sur le territoire ultramarin. «Les dégâts risquent d’être monumentaux. On n’est pas très sereins», souffle Xavier.

Le calme avant la tempête

Pour l’heure, c’est le calme avant la tempête. Les intempéries les plus violentes sont attendues dans la nuit ou lundi matin. «En fin d’après-midi, les vagues ont commencé à monter sur la promenade pédestre qui borde Saint-Denis, mais rien de catastrophique», témoigne Béatrice, en vacances sur l’île, proche du chef-lieu du département. «Le vent souffle de plus en plus fort, mais surtout sur les hauteurs de l’île, autour du Piton des Neiges». La jeune femme de 29 ans, psychologue à Metz, a pu dîner sur la terrasse en début de soirée, et y était encore à 21 heures locales.

Certaines routes en bord de mer commencent déjà à être inondées. RICHARD BOUHET / AFP

Baptiste, installé à La Réunion depuis deux ans, a également profité des derniers instants avant le confinement, décrété à partir de 20 heures et jusqu’à mardi matin. «On est allé observer le coucher de soleil, magnifique avec des nuages peu habituels», explique le Marseillais d’origine. «Le ciel était très étrange, le vent soufflait fort, mais rien de dramatique pour l’instant».

Des «nuages peu habituels» flottaient au-dessus de La Réunion en fin d’après-midi. DR

Mais les signes annonciateurs se sont succédé depuis samedi. «Il a fait très lourd ces derniers jours, avec de grosses chaleurs, et les pluies ont commencé ce matin», indique Xavier. Les animaux sentent, eux, le cyclone arriver depuis plusieurs heures. «Les chiens sont très calmes et se calfeutrent déjà dans les maisons», explique le cinquantenaire, qui habite à Saint-Gilles-les-Hauts, dans l’ouest de La Réunion. La situation peut dégénérer à tout moment. Régulièrement, les habitants de l’île reçoivent une alerte par SMS de la part des autorités, pour les tenir informés de la situation et leur rappeler qu’ils doivent se confiner.

De l’eau, de la nourriture et des bougies

Habitués de ce genre de phénomène météorologique, les Réunionnais ont pris leurs précautions en amont. «On achète beaucoup d’eau, de la nourriture, des bougies, parfois des petits postes radios à piles pour se tenir informés», énumère Xavier. Car le principal risque reste les coupures de courant. «Les jours précédant l’arrivée du cyclone, c’est un peu le chaos aux supermarchés, car les gens se précipitent pour faire des réserves», s’amuse le négociant en vin. Si le passage du cyclone n’excédera pas quelques heures, les conséquences peuvent, elles, durer plusieurs jours.

«Il faut faire des stocks d’eau et de nourriture, se préparer à être en autarcie pendant quelques heures ou quelques jours, avoir sa trousse de secours», a insisté dimanche le préfet de La Réunion, Jérôme Filippini. «Nous avons acheté des conserves au cas où», explique Béatrice, qui se félicite néanmoins d’être équipée au gaz, ce qui permettra de continuer à faire la cuisine.

Les habitants calfeutrés

Les habitants de l’île ont également veillé à ne rien laisser traîner dehors. «On a rangé tout ce qui se trouvait sur la terrasse et rentré les motos au garage», souligne Baptiste. Pour que rien ne soit emporté par le vent, qui pourrait souffler à plus de 250 km/h. Fenêtres et volets sont également solidement fermés. «On a bien vérifié où se trouvaient tous les points d’hébergement d’urgence, au cas où», ajoute Béatrice. La jeune femme n’est pas assez proche de la mer pour craindre les inondations, mais le vent pourrait faire des dégâts. «On est sur le qui-vive, mais pas non plus trop inquiets pour l’instant», résume-t-elle.

Une chose est sûre : les Réunionnais n’iront pas travailler lundi. En alerte rouge, toutes les administrations et les sociétés sont fermées et des jours de congé imposés aux salariés. Seuls les services de secours sont autorisés à circuler sur l’île. Si l’alerte violette est déclenchée, comme l’envisage le préfet de la Réunion, même ces derniers seront dans l’obligation de se confiner.