Élection présidentielle américaine : à quelle heure les résultats seront-ils connus ?
Jour-J aux États-Unis, où 240 millions d’électeurs sont appelés ce mardi 5 novembre à voter pour celui qui dirigera leur pays pour les quatre prochaines années. Qui de la candidate démocrate Kamala Harris ou de son rival républicain Donald Trump, donnés au coude-à-coude dans les sondages, gagnera la Maison-Blanche ?
Si des premières estimations sur l’identité du gagnant émergeront dans la nuit de mardi à mercredi, les résultats définitifs de ce scrutin au mode indirect - les électeurs votent pour des grands électeurs qui, dans un second temps, élisent le président - pourraient ne pas être connus dès mercredi matin heure française. Lundi, les équipes de campagne de la vice-présidente ont d’ailleurs prévenu que les résultats finaux ne seront pas connus avant «plusieurs jours».
À quelle heure les bureaux de vote ferment-ils ?
L’heure de fermeture des bureaux de vote diffère selon les États. Il sera une heure du matin en France lorsque les premiers bureaux de vote fermeront. D’autres resteront ouverts jusqu’à 7 heures du matin heure française.
C’est pourquoi des premières estimations sur le résultat final seront connues aux alentours de 5 heures du matin heure française.
Quand a-t-on connu les résultats des précédentes élections ?
En 2020, des estimations penchant en faveur de Joe Biden étaient communiquées dès le lendemain de ce scrutin très serré. Mais il avait fallu quatre jours pour qu'une majorité de grands électeurs (270 sur 538) soit attribuée au démocrate. Défait, Donald Trump s'était déclaré gagnant. Le Républicain avait dénoncé de supposées irrégularités dans le processus électoral, avait lancé la campagne «Stop the Steal» («arrêter le vol»), engagé des recours judiciaires et exercé des pressions sur les organisateurs du scrutin.
En 2016, Donald Trump avait été déclaré vainqueur contre Hillary Clinton aux alentours de 3 heures du matin, heure américaine, soit 9 heures, heure française.
En 2012, la victoire de Barack Obama avait été annoncée avant minuit le jour même du scrutin - 6 heures du matin en France.
Décompter les votes par correspondance et les votes anticipés
Depuis le 6 septembre, la plupart des États (47) ont permis à leurs administrés de voter par correspondance. Et depuis le 16 septembre, il était aussi possible dans certains États de voter de manière anticipée. Plus de 80 millions d’Américains ont d’ores et déjà voté selon ces deux modus operandi.
Mais le dépouillement de ces bulletins prend plus de temps, surtout pour le vote par correspondance. Si chaque État a ses règles, les étapes du dépouillement sont les mêmes pour tous : après que l’électeur a rempli et signé son bulletin, ce dernier est retourné par voie postale, placé dans des boîtes ad hoc ou déposé aux autorités locales. Ces enveloppes sont ensuite ramassées selon un processus permettant de tracer toutes les étapes de leur parcours. Elles sont in fine gardées dans un endroit placé sous haute surveillance avant d’être comptées. Dans certains cas, la vérification des bulletins implique de faire correspondre une signature ou une photo d’identité.
Dans certains États, ce dernier procédé a lieu en amont du jour de l’élection. Mais il n’est pas autorisé dans le Dakota du Nord, le Mississippi, le Wisconsin, la Pennsylvanie et l’Alabama.
Litiges et contestations
Donald Trump a prévenu : s’il perd, ce sera uniquement parce que les démocrates auront triché. Fin octobre, le Républicain accusait ses rivaux de «tricher à Lancaster» et affirmait que «la Pennsylvanie triche à un niveau rarement vu auparavant». Des accusations que rien ne prouve. Ces derniers mois, 180 procédures ont d’ailleurs été engagées, majoritairement par le Grand Old Party, pour contester les conditions d’organisation du scrutin.
Pour contester tout verdict n’allant pas dans leur sens, les Républicains vont déployer des milliers de bénévoles à travers le pays pour surveiller le processus électoral.
Un résultat trop serré
Dans certains États, notamment dans les sept «swing states», l’écart entre Kamala Harris et Donald Trump est minime. Une victoire qui se jouerait à quelques voix près augmenterait automatiquement le délai avant que les résultats ne soient officiellement proclamés. Dans certains États, les candidats peuvent même réclamer un recomptage - ce qu’avait fait le Républicain en 2020 dans les États gagnés de peu par Joe Biden. En Arizona, le recomptage est d’ailleurs automatique si l’écart entre le candidat A et le candidat B est inférieur à 0,5%.
Ce scénario pourrait se profiler : selon l’agrégateur de sondage du Figaro, l’écart entre la Démocrate et le Républicain est de 1% dans plusieurs États décisifs : la Pennsylvanie, la Géorgie, la Caroline du Nord, le Michigan, le Wisconsin et le Nevada.
Le précédent Al Gore - Bush en 2000
C’est ce qui s’est passé en 2000, lorsque George W. Bush et Al Gore s’étaient affrontées dans un scrutin extrêmement serré en Floride, où l’écart était de moins de 0,5%. Le 7 novembre les médias avaient annoncé la victoire du démocrate avant de l’attribuer au Républicain. Al Gore avait lui-même concédé sa défaite... avant de contester les résultats.
Le candidat annoncé perdant avait alors demandé, le 9 novembre, un recomptage manuel dans quatre comtés à dominante démocrate où des irrégularités auraient été constatées. Le 26 du même mois, Bush est proclamé vainqueur avec 537 voix d’avance. Le démocrate conteste à nouveau, arguant que plusieurs milliers de bulletins n’ont pas été décomptés. La Cour suprême de l’État va dans son sens et ordonne, le 8 décembre, le recomptage manuel d’environ 45.000 bulletins.
Le Républicain saisit la Cour suprême fédérale, qui interrompt le processus. Le 12 décembre, la plus haute juridiction judiciaire américaine décrète que le temps manque pour s’y adonner. Le 13 décembre, le démocrate concède définitivement sa défaite. Il s’agissait de la première intervention de la Cour suprême dans une une élection présidentielle. À un grand électeur près (271 sur 538), George W. Bush est élu président des États-Unis le 18 décembre.
L’hypothèse d’une égalité parfaite
Bien que minime, il existe une chance sur 300 pour que les deux candidats obtiennent chacun 269 grands électeurs. Dans toute l'histoire américaine, ce scénario ne s'est réalisé qu’une fois, en 1800, pour départager Thomas Jefferson et Aaron Burr, arrivés ex aequo.
Conformément à une règle constitutionnelle, c’est à la Chambre des représentants de choisir le futur président : les représentants d'un même État se regroupent et mettent un seul bulletin de vote pour le candidat qui a leur préférence. Une majorité absolue est alors nécessaire. À l'époque, Thomas Jefferson avait arraché la majorité absolue après... 35 tours de scrutin.
Cette règle est toujours en vigueur. Dans le cas d'une parfaite égalité, c'est la Chambre des représentants qui est chargée d'élire le président américain.
Quand les grands électeurs votent-ils ?
Les États ont jusqu’au 11 décembre pour certifier les résultats. La réunion des grands électeurs, elle, aura lieu le 17 décembre. Ces derniers se réunissent dans leurs États respectifs où ils votent sur des bulletins séparés.
Les votes électoraux de chaque État sont enfin comptés lors d'une session conjointe du Congrès le 6 janvier de l'année suivant la réunion des électeurs - celle-là même que des partisans de Donald Trump avaient interrompue en 2021 en envahissant le Capitole.