Après l’affaire Bétharram, d’autres accusations visent un collège de Dax, où a étudié Daniel Balavoine
Depuis que 152 anciens élèves du collège-lycée Bétharram disent avoir été victimes de violences physiques et sexuelles, la parole se libère dans d’autres établissements de la région. Des collectifs d’anciens élèves qui affirment avoir subi des sévices similaires dans les Landes, les Pyrénées-Atlantiques ou encore les Hautes-Pyrénées fleurissent ces derniers jours. Comme à Dax, où des témoignages glaçants viennent entacher la réputation du collège Notre-Dame du Sacré-Cœur, dit «Cendrillon», renommé «Cité scolaire Saint-Jacques de Compostelle» depuis 2003, selon Ici Gascogne.
Les premiers échos de cette nouvelle affaire datent de 2020, alors que deux plaintes sont déposées, avant d’être classées sans suite par la justice en raison de la prescription des faits reprochés. Les faits, eux, remontent à plusieurs décennies. Un homme, âgé aujourd’hui de 75 ans, dénonce des agressions sexuelles tandis que son frère dit avoir été victime de viol. Ils ont livré à nos confrères leur témoignage ce mardi 25 février. «Pour moi, Cendrillon, c’est une horreur. Un enfermement, un lieu avec des sévices, de belles baffes et des tympans crevés», témoigne le septuagénaire, sans mentionner l’identité de ses agresseurs présumés. Avant d’évoquer les agressions sexuelles. «Ils vous faisaient monter dans leur chambre pour soi-disant se confesser. Et là ils vous faisaient mettre à genoux, la soutane était ouverte, ils vous pressaient [le sexe], etc.»
De son côté, le second frère évoque les multiples agressions et le viol qu’il aurait subi : «J’y allais quand il venait me chercher et qu’il m’enfermait dans sa chambre, avec le curé dans la chambre d’à côté qui écoutait tout. (...) Je l’ai vu me défaire la braguette. Je l’ai vu me demander de lui défaire la braguette. Je l’ai vu et je le sais maintenant, que j’ai fait des fellations. Je sais maintenant qu’il m’a fait des pénétrations.» Par la suite, les deux frères ont été reconnus victimes de l’Église par la commission Sauvé, et indemnisés.
L’évêque de Dax apporte son «soutien aux victimes»
Un troisième homme âgé de 57 ans a témoigné au micro de la radio locale. Il envisage de porter plainte. «Je suis ressorti deux fois du bureau d’un surveillant général avec l’empreinte d’une chevalière retournée, et ses initiales, sur la joue. Je me souviens aussi que certains soirs, tout le dortoir se retrouvait à genoux sur du parquet de 22 heures à minuit passées. Celui qui avait le malheur de s’endormir, le surveillant lui marchait sur le mollet. J’ai pris au moins un coup de poing, deux trois coups de pied...», raconte-t-il. «Quand on vit ça, soit on se suicide, soit la vie avance et on continue.»
Des discours «très choquants», a indiqué à nos confrères Monseigneur Nicolas Souchu, évêque d’Aire et de Dax ce mercredi, qui apporte tout son «soutien aux personnes victimes». «Évidemment, on ne peut pas tolérer tous ces drames successifs», ajoute-t-il. Pour lui, «l’Église tout comme l’Enseignement catholique ont la responsabilité de faire toute la lumière sur les faits que l’on connaît, de coopérer avec la justice». Selon Monseigneur Souchu, qui appelle la parole à se libérer, les agresseurs présumés seraient décédés. Un prêtre n’aurait pas pu être identifié, n’appartenant pas au diocèse local, ainsi qu’un laïc.
Daniel Balavoine est un ancien élève
Le collège «Cendrillon» avait déjà fait parler de lui il y a quelques années alors que le chanteur Daniel Balavoine présentait cet établissement dans un documentaire l’année de sa mort, en 1986. Dans un extrait archivé par l’INA, l’interprète de «Tous les cris les S.O.S» retrouve l’établissement scolaire de son enfance. Il n’évoque pas de violence particulière mais lorsqu’il décrit les lieux, on peut entendre : «De l’autre côté de la chapelle, où ils sont en train de sévir là encore...».
Plus tard dans le documentaire, le chanteur raconte ce jour où il a fugué pour échapper à la punition «la plus dure de l’école». «C’était une petite pièce vitrée dans laquelle on t’enferme le temps qu’il faut. On te donne des lignes à faire et quand les autres gosses vont se coucher le soir au dortoir, ils passent cette cabine et te disent “bonjour”, et toi tu es obligé de rester là sans dormir.»