La présence des institutions européennes à Bruxelles attire les espions

C'est une nouvelle fois la Russie qui semble être à la manœuvre, selon les services de la Sûreté de l’État belge, qui précisent que plusieurs dizaines d’agents du renseignement russe ont été expulsés du pays depuis 2022. De 60 à 70 agents, ce qui est loin d’être négligeable : cela représente un dixième des cas recensés dans toute l’Europe. Il s’agissait pour l'essentiel d’agents opérant sous couverture diplomatique. Un grand classique de l’espionnage russe, qui tente à présent de diversifier les profils.

La Belgique a repéré sur son sol des agents "freelance" en quelque sorte, recrutés sur les réseaux sociaux et rémunérés à la tâche. Ils sont testés sur des missions simples, comme, par exemple, coller des stickers anti-Ukraine dans Bruxelles, pour 20 à 50 euros. Les missions peuvent ensuite gagner en complexité, comme photographier une installation militaire ou encore nouer des contacts utiles aux services de renseignement russe. Les Belges se montrent maintenant très méfiants, sur terre comme sur mer, avec la crainte que les sabotages effectués en mer Baltique ne s’étendent à la mer du Nord, bordée par les côtes belges.

L'UE ne dispose pas de services de renseignement

Le royaume belge n'est pas le seul visé : la présence des institutions européennes est pour beaucoup dans cette activité des espions à Bruxelles. On se souvient notamment du cas de cet assistant parlementaire chinois, il y a quelques mois. Il travaillait officiellement pour un député européen membre du parti d’extrême-droite allemand Afd, mais renseignait en sous-main Pékin sur des négociations en cours au Parlement européen.

Dans cette même enceinte, un débat assez houleux a été organisé cette semaine, concernant cette fois un État-membre de l’Union, la Hongrie du nationaliste Viktor Orban, soupçonnée d’avoir espionné des fonctionnaires européens anti-fraude. C’est un média belge et une ONG hongroise qui rapportent cette affaire. La Hongrie dément, mais les soupçons sont suffisamment forts pour que le Parlement européen en ait fait un thème de débat public mardi dernier. L’affaire illustre surtout la perméabilité des institutions européennes qui reste une réalité, malgré les scandales passés, sans doute liée au fait que l’Union ne dispose pas de services de renseignement ni de contre-espionnage.