Morbihan : les menhirs de Carnac bientôt classés à l'Unesco ?
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Entre ces alignements de pierres vieux de 7 000 ans règne d'habitude un silence imperturbable. Aujourd'hui, il est interrompu par un étrange crissement de roue. Ce drôle de chariot enregistre les variations magnétiques du terrain, de quoi dénicher des traces des œuvres du néolithique. "On pourrait retrouver des anciens menhirs qui sont couchés et enterrés sous terre. On a à peu près 25 à 50 % de menhirs disparus au sein des alignements. Donc, on ne voit qu'une moitié du site", explique Guillaume Bruniaux, ingénieur en géophysique, équipe CNRS.
L'origine et la portée symbolique des menhirs de Carnac (Morbihan) sont toujours méconnues. Et cette équipe du CNRS est parmi les seules à mener des recherches aujourd'hui. Mais avec la reconnaissance par l'Unesco, l'intérêt pour le site pourrait être relancé. "On protège les sites aussi en continuant à accumuler des connaissances sur eux. C'est dans ce sens-là que l'Unesco est attentif à ce que ça ne devienne pas un élément figé sur lequel il ne se passe plus rien", indique Olivier Agogué, administrateur du Centre des monuments nationaux pour le site de Carnac.
700 000 visiteurs par an
Les seuls alignements de Carnac attirent 700 000 visiteurs par an. Pour certains, c'est une découverte au détour d'un séjour à la plage. Mais des Franco-Américains en ont entendu parler à l'école : "Ma professeure m'a expliqué que c'était de très anciennes merveilles du monde. Personne ne sait pourquoi ils ont fait ça. C'est un mystère. Et je trouve ça fascinant", commente un jeune touriste. "Ces sites ne sont pas très populaires aux États-Unis. Il faut vraiment être connaisseur. Mais je vais dire à tous mes amis qu'il faut venir ici", ajoute une vacancière américaine, séduite par sa visite.
Alors, faut-il craindre un afflux de touristes qui dénatureraient le site ? Dans les années 60, déjà, les actualités s'inquiétaient de certains visiteurs indélicats. Le site a depuis été ceinturé de barrières et d'un parcours balisé. Les seuls visiteurs autorisés sont ceux accompagnés d'un guide, ou les moutons qui s'occupent d'entretenir la végétation. Récemment, la circulation a été modifiée pour sécuriser les abords du site. Des modifications qui ne sont pas du goût de tous les habitants. Un agriculteur, notamment, fait désormais un détour de plusieurs minutes par la ville pour accéder à ses champs. Il a signé une pétition contre ces aménagements. Pour le maire, malgré les mécontentements, ces travaux étaient bien nécessaires.
"Au même titre qu'il y a une vitre sur la Joconde, on ne peut pas laisser ce patrimoine inestimable se dégrader"
"Pendant de nombreuses années, on a pu rentrer en voiture. Il y a une dizaine d'années, on pouvait encore entrer, monter sur les mégalithes. À la fin des années 80, il y a beaucoup de menhirs qui sont tombés, et donc, on a décidé qu'il fallait les protéger. Au même titre qu'il y a une vitre sur la Joconde, on ne peut pas laisser ce patrimoine inestimable se dégrader très longtemps", commente Olivier Lepick, maire (DVD) de Carnac. La reconnaissance de l'Unesco vient saluer un travail de 30 ans pour préserver ces géants de pierre. Reste à mieux promouvoir d'autres sites du Morbihan, parfois moins connus du grand public.