Encore une pépite verrouillée par Pau
Sébastien Piqueronies est un formateur dans l’âme. C’est sous sa houlette que l’équipe de France U20 avait été sacrée champion du monde en 2018 et 2018, avec notamment les Romain Ntamack, Pierre-Louis Barassi, Jean-Baptiste Gros, Matthis Lebel et autres Cameron Woki. Toute une génération qui brille désormais en Top 14 et en équipe de France. Arrivé en 2021 à la Section Paloise, Piqueronies continue à faire éclore les talents, comme Émilien Gailleton (qui vient de prolonger jusqu’en 2029), Hugo Auradou ou encore Théo Attisogbe.
Fabien Brau-Boirie, qui n’a pas encore 20 ans, est la nouvelle pépite béarnaise. La grande force de Pau est désormais de réussir à conserver ses meilleurs éléments. Ainsi, en fin de saison dernière, Fabien Brau-Boirie a prolongé son bail dans le Béarn jusqu’en 2028. La marque d’un club qui a changé de dimension. «L’éclosion de Fabien marque une nouvelle concrétisation de notre projet, confirme son manager. En côtoyant au quotidien des joueurs de très haut niveau à son poste, il a débuté une évolution très prometteuse. Notre challenge commun est de grandir ensemble pendant les trois prochaines saisons pour faire de Fabien un top joueur. Sa confiance et sa volonté de se développer à la Section sont des signaux très positifs.»
«Il n’a pas de limites» selon son entraîneur
Récemment interrogé par Le Figaro, Sébastien Piqueronies nous avait confiés à propos de son jeune et prometteur trois-quarts centre aux mensurations impressionnantes (1,90 m pour 97 kg) : «C’est un garçon très bien éduqué, très bien élevé, très déterminé, qui me rappelle beaucoup de jeunes joueurs de talent qu’on a accompagnés comme Émilien (Gailleton) ou Théo (Attisogbe). C’est un garçon très déterminé, très travailleur, très posé, très réfléchi, qui apprend à chacune de ses expériences. Il a un physique d’adulte quand on le voit, mais il est très jeune, il est né en décembre 2005.» Et le technicien béarnais d’ajouter : «Il a été bien accompagné et maintenant il exprime son potentiel. Un potentiel qui lui permettra d’aller jusqu’où ? Je pense qu’il n’a pas de limites. Je suis assez d’accord sur le fait que plein d’observateurs le voient peut-être déjà assez haut. Bon, il n’y est pas encore. En toute humilité, il lui reste énormément de progrès à faire. Mais, en toute honnêteté, je ne vois pas de limites à son potentiel. Je ne vois pas encore de plafond aujourd’hui.»
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Un premier appel de Galthié inattendu
En mars dernier, Fabien Brau-Boirie disputait le Tournoi des six nations avec l’équipe de France des moins de 20 ans. Alors que lui et ses jeunes coéquipiers venaient de s’imposer face aux Irlandais, le joueur de la Section reçoit un appel de... Fabien Galthié. Le sélectionneur des Bleus le convoque pour préparer le match du «grand» Six Nations contre l’Écosse après le forfait sur commotion de Pierre-Louis Barassi. Le prometteur centre a raconté cet épisode à La Dépêche du Midi : «Je l’ai appris quand on est rentrés d’Irlande. Je devais rentrer chez moi parce que le staff des U20 m’avait mis au repos. Cédric Laborde (le manager de l’équipe de France) avait eu Fabien Galthié avant le vol et il me l’a dit en sortant de l’avion. C’est énormément de joie, ça m’a fait énormément plaisir, je ne m’y attendais pas forcément.» A l’approche de la tournée de novembre (Afrique du Sud, Fidji, Australie), Fabien Galthié a cité plusieurs jeunes joueurs qu’il suit de près. Fabien Brau-Boirie en fait évidemment partie.
Son oncle a créé le club de ses débuts
Un pur produit des Hautes-Pyrénées. Fabien Brau-Boirie, natif de Tarbes, a commencé à jouer au rugby très jeune, à l’âge de 6 ans, et il a fait ses premiers pas de rugbyman à l’Entente sportive des Coteaux de l’Arrêt (ESCA), un club qui a été fondé par... son oncle Alain Brau en 1981. Rapidement, son talent fait grand bruit dans la région. En 2018, il signe pour le Stado Tarbes Pyrénées Rugby. Avec l’équipe Crabos (moins de 18 ans) dont il est le capitaine, il remporte le Challenge Élite Crabos en 2023. Dans la foulée, il intègre le centre de formation de la Section Paloise, équipe partenaire de Tarbes. Dès l’année suivant, il fait ses débuts avec l’équipe professionnelle, en rentrant en cours de match lors d’un déplacement de la Section sur la pelouse de Montpellier lors de la 10e journée. Il a depuis disputé 19 matches professionnels, inscrivant trois essais.
«Un Fidjien de Tarbes» qui rappelle Jauzion
Plus jeune, il reconnaît qu’il était fan de Wesley Fofana, l’ancien centre de Clermont, et de Sonny Bill Williams, l’ex-All Black qui avait révolutionné la passe après contact. Mais, pour beaucoup, Fabien Brau-Boirie rappelle un glorieux ancien du XV de France : Yannick Jauzion. Mêmes grands gabarits, mêmes capacités à créer des espaces et à faire vivre le ballon. Ce qu’a reconnu Cédric Laborde, le sélectionneur des Bleuets, dans L’Équipe : «Que ce soit le gabarit, la lecture des espaces ou l’attitude, il amène de la confiance au groupe sans trop parler.» Sébastien Piqueronies parle, lui, d’«un Fidjien de Tarbes. Il a la tête haute, la posture d’un grand joueur et les pieds bien ancrés dans son territoire». Son cadrage-débordement d’école réalisé en mai dernier contre Toulon, qui avait envoyé Émilien Gailleton aplatir dans l’en-but, avait fait grand bruit. «J’aime faire jouer mes potes. Limite, je préfère une belle passe à un essai personnel», assure le jeune centre palois. Sébastien Piqueronies est persuadé d’une chose : «Il va devenir un grand homme du rugby français.»