Shigemitsu Tanaka, survivant de Nagasaki : « Nous, rescapés de l’arme atomique, craignons l’oubli »
Il avait 4 ans, mais se souvient encore de ce 9 août 1945, quatre-vingts ans plus tard. Le jeune Shigemitsu Tanaka jouait dans le jardin familial avec son petit frère et son grand-père. « Papi, papi, l’avion ! » se rappelle-t-il avoir crié quand le bombardier B-29 états-unien a survolé la vallée de Nagasaki. Le pilote avait déjà largué « Fat Man », la bombe atomique qui a tout ravagé sur 4 kilomètres carrés à la ronde.
« À peine l’avais-je entendu qu’un nuage blanc a tout soufflé », se remémorait l’octogénaire lors d’une conférence de presse organisée par le Mouvement de la paix et la CGT. « Tanaka-senpai » (l’aîné) est encore en forme pour son âge. Sûrement parce qu’il refuse de quitter ce monde sans l’avoir vu débarrassé de ses 9 500 ogives nucléaires, partagées par neuf pays. Ce combat, mené avec ses camarades de Nihon Hidankyo, la confédération japonaise des organisations des survivants des bombes A et H, leur a valu le prix Nobel de la Paix 2024.
Ainsi que la reconnaissance de tous ces hibakusha (les survivants et leurs descendants), qui veulent qu’on se souvienne des « trois catastrophes » : Hiroshima, Nagasaki et 1954, quand les États-Unis testent la bombe H, « mille fois plus puissante que la bombe atomique », dans le Pacifique.
« Ma mère se demandait s’ils étaient vraiment humains », se rappelle-t-il, montrant d’horribles photos de paysages désolés, d’enfants gravement brûlés ou malformés à cause des radiations. « Plus jamais ça », que ce soit au Japon ou à Crozon, en Bretagne, où Shigemitsu Tanaka a imploré la France, quatrième puissance nucléaire, de démanteler ses ogives.
Comment, vos camarades et vous-même, avez-vous ressenti le fait d’avoir reçu le prix Nobel de la paix 2024 ?