Suspension, avertissements... à Nantes, les chefs de files LFI aux municipales sanctionnés

À Nantes, une crise secoue la section locale de La France insoumise. Des décisions rendues récemment par le Comité de respect des principes viennent confirmer cette situation délétère. Comme révélé par Ouest France, l’instance interne chargée de faire respecter les orientations du parti a décidé de suspendre pour un an Marina Ferreruela, l’une des deux chefs de file désignés pour orchestrer les municipales nantaises. Son acolyte William Aucant, avec lequel elle n’a actuellement plus de contact, a écopé pour sa part d’un avertissement. Quatre autres militants ont subi le même sort que lui.

Dans un mail qu’a pu consulter Le Figaro, le Comité insoumis indique avoir constaté, après avoir mené une quinzaine d’entretiens, des «dysfonctionnements dans la gestion locale de la saisine VSS (violences sexistes et sexuelles, NDLR), dans l’organisation des cadres militants nantais et dans l’organisation de la campagne municipale». L’instance avait été saisie «au mois de juin 2025, concernant la situation conflictuelle suite à la gestion locale d’un signalement VSS et à l’organisation de la campagne», est-il rappelé dans ce message électronique.

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La chef de file suspendue dénonce une «cabale»

En effet, après un départ en fanfare en mars, puis un meeting d’envergure le 16 juin, une note de blog publiée ce même jour dans Le Club de Mediapart est venue semer le trouble. En ligne de mire : Marina Ferreruela, accusée anonymement par une militante d’avoir couvert un viol, et de harcèlement par d’autres.

«On me reproche une mauvaise gestion d’un dossier de violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein du mouvement à Nantes. Dès septembre 2024, j’ai accueilli la victime, l’ai orientée vers des professionnels et saisi immédiatement les instances nationales. Le militant mis en cause a été suspendu sans délai. J’ai assumé mes responsabilités», se défend Marina Ferreruela elle-même «concernée par des violences sexuelles».

Dans un communiqué consulté par Le Figaro, la suppléante du député Andy Kerbrat dénonce «une manœuvre». «Je le dis clairement : cette cabale dépasse la seule question municipale. Elle s’inscrit dans une logique de conquête des places et des postes, au détriment de la vérité et de la justice», ajoute-t-elle, citant les législatives.

Suspension pour un an

La sanction qui est tombée stipule qu’«il ne lui est plus possible de se revendiquer de la France insoumise, de s’exprimer en son nom, de faire partie d’un groupe d’action ni de participer aux actions militantes et événements», prévient le comité. Et «sa réintégration ne sera pas automatique et devra être motivée». «Je suis une militante de terrain, engagée depuis des années dans les luttes sociales, féministes et démocratiques. Mon combat ne s’est pas construit avec La France insoumise, et il ne s’arrêtera pas avec elle», tance Marina Ferreruela.

Du côté de ses soutiens, certains s’étonnent en coulisses de cette situation. «J’en ai vu des campagnes mais là, c’est dingue. Ce qui se passe est incompréhensible, si ce n’est pas politique», confie une militante de longue haleine, qui a prévu de quitter le navire.

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«Toute communication publique (réseaux sociaux et presse) remettant en question ces décisions et toute tentative de représailles sur les personnes à l’origine de la saisine seront considérées comme un acte de rupture définitif avec notre mouvement», prévient le comité dans son mail, incitant certains à faire profil bas. Contacté, William Aucant, désormais seul chef de file, n’était pas disponible pour répondre à notre sollicitation, se trouvant en congés.

Un nouveau point est prévu en septembre, date à laquelle sera dispensée «une formation sur la gestion des VSS en milieu militant et une autre sur les luttes antiracistes», obligatoire ou facultative selon le degré d’implication dans le parti. Ces mesures interviennent après une année compliquée pour La France insoumise de Loire-Atlantique, secouée également par l’affaire Cottineau, du nom d’un ancien candidat LFI mis en examen pour des faits de viols avec torture sur plusieurs mineurs, et le feuilleton Andy Kerbrat, député nantais pris en flagrant délit d’achat de drogue.