"Je vais les cartonner" : le suspect du meurtre raciste dans le Var revendique son attaque dans plusieurs vidéos

L'homme de 53 ans suspecté d'avoir tué un homme de nationalité tunisienne samedi à Puget-sur-Argens (Var), revendique son attaque dans plusieurs vidéos. Dans l'une de ces vidéos tournée avant les faits, dont franceinfo a pu avoir connaissance du contenu, le suspect se filme une arme à la main et tient des propos haineux et racistes.  

Pendant une minute et trente secondes, le suspect multiplie les insultes sur "les bicots", "les islamiques", puis appelle "les Français" à aller "les chercher là où ils sont". L'assaillant invite les spectateurs de sa vidéo à "vote(r) bien la prochaine fois", sans plus de précisions. Visiblement alcoolisé, il poursuit : "Il n'y a pas d'allégeance à Al-Qaeda ou à quoi que ce soit. C'est l'allégeance au bleu-blanc-rouge, voilà".  

Des opinions haineuses partagées depuis des années sur FB

Le suspect dit vouloir tuer des personnes d'origine maghrébine, de confession musulmane, désignées par des termes racistes. "Là je vais sortir et je vais faire un petit carton déjà. Rien qu'en sortant de chez moi, tous les sans-papiers, les bordels, les machins, je vais les cartonner". Il finit son message en disant espérer ne pas se "faire égorger par un putain de bicot de mes deux", des propos haineux qu'il conclut en appelant encore à "vote(r) bien la prochaine fois", il assure que "seul le GIGN m'arrêtera".

Ces opinions racistes, le suspect les partageait déjà largement, depuis plusieurs années sur son profil Facebook, avec plusieurs commentaires haineux contre la communauté musulmane et contre les étrangers. Tous ces éléments ont poussé le Parquet national antiterroriste (Pnat) à considérer ces faits comme un possible attentat et à ouvrir une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat terroriste.

Pour autant, ce suspect n'était pas connu jusque-là des services de renseignements. Selon les informations de franceinfo, dans les toutes premières heures de sa garde à vue, il a affirmé avoir agi sous l'emprise de l'alcool. Mais d'après le récit de deux hommes qui ont survécu à l'attaque l'assaillant était pourtant déterminé et organisé.  

Un "attentat" qui rappelle "celui qui a frappé la rue d'Enghien"

Selon leur avocat, Me David Andic, que franceinfo a pu joindre, ces deux hommes, demandeurs d'asiles kurdes, ont entendu depuis leur appartement six ou sept détonations samedi soir. Plusieurs balles ont touché aussi leur baie vitrée. Ils sont alors descendus voir ce qui se passait quand l'un d'entre eux, Akif, s'est retrouvé face à l'assaillant qui l'a mis en joue, avant de tirer vers lui à quatre reprises, rapporte leur avocat. La victime a eu le réflexe de se protéger le visage et de se recroqueviller mais a été touché deux fois à la main. Son ami est lui parvenu à s'enfuir. Entendus dans la nuit de samedi à dimanche par les enquêteurs, ils ont raconté avoir vu le suspect se pencher à l'intérieur de sa voiture comme pour recharger son arme.

"Cet attentat rappelle de par le profil de l'agresseur et des victimes, celui qui a frappé la rue d'Enghien [à Paris] ou le Pnat ne s'était pas saisi", réagit Me David Antic. Le 23 décembre 2022, un homme, William Mallet, a ouvert le feu et fait trois morts et trois blessés en plein Paris, à proximité du centre culturel kurde dans le 10e arrondissement.