"Astérix et Obélix : Le Combat des chefs" : comment traduire l'esprit Chabat dans d'autres langues sans le dénaturer ?

Alain Chabat renoue avec le Gaulois préféré de la BD (et vice-versa) dans une nouvelle série animée adaptée de Astérix et Obélix : Le Combat des chefs, disponible depuis mercredi 30 avril sur Netflix. Ces cinq épisodes, qu'Alain Chabat réalise, en plus de prêter sa voix à Astérix, ont donné lieu à la création de nouveaux personnages et à l'invention de leurs petits noms, toujours aussi improbables, mais conformes à l'esprit de la BD, tels que Metadata ou Sucette à l'anix.

Et puis il a fallu traduire tout ça. Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions sont proposées aux quelque 300 millions d'abonnés dans 190 pays de la plateforme de streaming. Traduire en gardant l'humour et l'esprit Chabat a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, salue Céleste Surugue, le directeur général des Éditions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...), certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés".

En anglais, Idéfix s'appelle Dogmatix

Le géant du streaming s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l'œuvre originale, qui ne manquent pas : avec 120 langues et dialectes au compteur, Astérix est la bande dessinée la plus traduite au monde.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains !") est passée dans le langage courant, les lecteurs du Combat des chefs devraient ainsi s'y retrouver. De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé ? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

De nouveaux noms universels, tel Fastanfurious

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President Of The United States") ou encore Fastanfurious.
Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises. Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans Astérix et la Transitalique.

Cette adaptation sur Netflix devrait permettre de faire découvrir Astérix à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux États-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après Céleste Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de Guillaume Canet, L'Empire du milieu, doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.