Législatives 2024 : Akhenaton, Sofiane, Zola, Soso Maness… 20 rappeurs pilonnent l’extrême droite dans le morceau collectif "No Pasarán"
À l'initiative du producteur et compositeur Djamel Fezari, alias DJ Kore, et du designer et directeur artistique Ramdane Touhami, vingt rappeurs posent leurs rimes et multiplient les punchlines sur No Pasarán, un morceau collectif dans lequel ils appellent la jeunesse à voter et à faire barrage à l'extrême droite au second tour des législatives anticipées de dimanche 7 juillet.
Ont répondu présent aussi bien des légendes du rap tels qu'Akhénaton d'IAM, Seth Gueko, Mac Tyer, Pit Baccardi ou Sofiane que la jeune garde, comme Zola, RK, Soso Maness, Kerchak ou Demi Portion.
Sorti dans la nuit de lundi à mardi 2 juillet, ce brûlot long de neuf minutes, qui reprend le célèbre slogan antifasciste No Pasarán ("Ils ne passeront pas") des Républicains pendant la Guerre civile d'Espagne (1936-1939), a été réalisé dans l'urgence, alors que le Rassemblement national est aux portes du pouvoir. Tous les fonds générés par les écoutes du morceau seront reversés à la Fondation Abbé Pierre.
L'idée a germé dans la tête de DJ Kore dès le 9 juin, après la dissolution de l'Assemblée nationale et alors que le Rassemblement national venait de terminer en tête des élections européennes.
Il s'agit de revenir "à l'essence du rap, à savoir : faire passer un message", expliquait Kore lundi 1er juillet dans Libération. "L'heure est grave. Lorsqu'on apprend que le premier parti des jeunes, c'est le RN, si on ne réagissait pas, ce serait une faute grave de notre part (...), c'est notre façon de tracter", expliquait de son côté Ramdane Touhami à l'AFP.
"L'histoire se répète, ça sent le cramé dans la brise"
C'est le rappeur Sofiane Zermani alias Fianso, désormais aussi connu en tant qu'acteur, qui ouvre la marche, "le doigt en l'air pour les cistes-ra, CNews dans l'angle mort / Secousses et tremblements, fuck le Rassemblement". Zola prend le relais en dénonçant les contrôles au faciès, tandis que Nahir rappelle que "Deschamps a gagné la Coupe du monde avec des fils d'immigrés".
Kerchak appelle à se bouger : "Lève-toi, va voter, faut pas rester assis alors que c'est nous la France, ces bâtards ils sont sciés" ; tout comme Soso Maness : "Les gars, faut se réveiller, quitte à mettre ses deux doigts dans la prise / Parce que l'histoire se répète, ça sent le cramé dans la brise". Quant à Pit Baccardi, il prophétise : "Si tu restes neutre, attends-toi à vivre un sale printemps".
Les années 30 et leur odeur font leur comeback.
Akhénaton d'IAMdans "No Pasaran"
Le propos est parfois vulgaire et insultant – "Marine et Marion les putes, un coup de bâton sur ces chiennes en rut" (Alkpote) ou "Tout c'que j'sais, c'est qu'on vote pas Marine et baise la mère à Bardella" (Kerchak) –, toujours virulent, voire menaçant – "Si les fachos passent, j'vais sortir avec un big calibre" (Ashe 22) – mais Alkpote, connu pour ses outrances verbales salaces, résume bien l'intention : "Nous on fait de la violence artistique". Quant au "Jordan, t'es mort, Jordan, t'es mort" lancé par Fianso, il s'agit d'une référence au combat de MMA de Cédric Doumbé s’adressant à son rival Jordan Zébo.
C'est Akhenaton, qui participa à l'hymne collectif légendaire 11'30 contre les lois racistes sorti en 1997 avec une tripotée de figures du rap telles Rockin'Squat d'Assassin, Passi et Fabe, qui plante les banderilles avec l'adresse que l'on sait.
"Ils veulent tous faire un billard à trois bandes avec du sale et du moche / Mais parfois ça foire, la boule noire atterrit dans la poche (...) C'est pas sur un scrutin, au quotidien il faut combattre / C'est pas un candidat, c'est les idées qu'il faut qu'on batte / Les années 30 et leur odeur font leur comeback. (...) Rien n'a changé, je préfère la main tendue au bras tendu."