REPORTAGE. "C'est le seul moyen d'exprimer notre désaccord" : les électeurs russes se mobilisent pour la qualification du principal opposant à Vladimir Poutine
En Russie, à un peu plus de 50 jours de l'élection présidentielle, le seul véritable opposant déclaré à Vladimir Poutine, Boris Nadejdine, s'est engagé dans une course contre la montre. Pour pouvoir concourir à l'élection de la mi-mars, il doit absolument réunir 100 000 signatures dans toute la Russie avant le 31 janvier.
Parti tard, sans moyen, sans mouvement derrière lui, ce candidat indépendant a lancé un appel aux signatures. Ces derniers jours, notamment dans les grandes villes, tous les jours des centaines de Russes ont fait la queue devant ses permanences. Des Russes séduits par ce candidat qui veut en finir avec la guerre. Même si ses chances de l'emporter sont quasi nulles et malgré la répression, ils apportent leur signature.
"L'arrêt de la guerre (…) c'est ce que tout le monde veut"
Il fait nuit, il fait -8 degrés, il neige, et pourtant ils sont plusieurs centaines à faire la queue dans une petite rue du centre de Moscou, devant le siège de campagne de Boris Nadejdine, comme Nadiejda, une étudiante originaire de Sibérie : "Je pensais qu'il avait déjà recueilli les signatures mais un ami m'a appelé et m'a dit 'Non, il ne les a pas, allons-y'. Le point principal de son programme, c'est l'arrêt de la guerre et franchement, c'est ce que tout le monde veut."
Boris Nadejdine est le dernier espoir du camp libéral en Russie. Cet opposant expérimenté de 60 ans est entré en campagne avec un slogan aussi court que percutant : "Poutine doit partir". Mais Boris Nadejdine n'a pas de parti derrière lui, il doit absolument réunir au moins 100 000 signatures, avec un quota par région. Pas certain qu'il les obtienne, et la commission électorale pourrait aussi lui mettre des bâtons dans les roues.
Mais ça ne décourage pas Iana, qui attend son tour pour signer : "Même s'il ne peut pas participer, c'est le seul moyen d'exprimer notre désaccord de manière légale et sûre. Je préfère faire quelque chose, plutôt que nous restions à la maison à nous lamenter sur notre sort." Une jeune femme sort du siège de campagne, elle crie "La Russie sera libre", tout le monde l'applaudit.