Guerre en Ukraine : Macron a dit aux partis politiques qu’il n’y avait pas de «limite» au soutien français
Les responsables des oppositions ont quitté l’Élysée très sceptiques, jeudi à la mi-journée, après la réunion convoquée par Emmanuel Macron sur la situation en Ukraine. Au lendemain de sa déclaration controversée sur un possible envoi de troupes au sol en renfort de Kiev, le chef de l’État avait souhaité recevoir les chefs des partis représentés au Parlement « en format Saint-Denis » pour faire un point sur le conflit et leur exposer son point de vue. Loin de se dédire, le président de la République leur aurait, au contraire, confirmé qu’il ne comptait fixer « aucune limite » ni « aucune ligne rouge » au soutien de la France, selon des propos rapportés par le communiste Fabien Roussel (PCF) et le lepéniste Jordan Bardella (RN). Selon le raisonnement d’Emmanuel Macron, ainsi que l’a résumé la patronne des Écologistes Marine Tondelier, « le fait de se fixer nous-mêmes des limites » donnerait « un avantage comparatif » à Vladimir Poutine. Contacté par Le Figaro, l'Élysée n'a pas donné suite à cette heure.
Alors que les grandes lignes du plan d’accord sur le soutien tricolore à l’Ukraine feront l’objet d’un débat suivi d’un vote non contraignant au Parlement en début de semaine prochaine - mardi à l’Assemblée, mercredi au Sénat -, les oppositions ont tiré à boulets rouges sur Emmanuel Macron. « Je m’interroge très sincèrement sur l’utilité de cette réunion, a fulminé Éric Ciotti (LR) en quittant le Palais. Il n’est pas sorti grand-chose de très concret, de très nouveau ». Jordan Bardella a pour sa part critiqué les positions « de va-t-en guerre » du chef de l’État. Le nationaliste a également jugé « parfaitement irresponsable » la récente sortie de Gabriel Attal, qui a cru bon d’assimiler le Rassemblement national aux « troupes » de Moscou. Un propos que le parti perçoit comme une comparaison « à une armée d’occupation étrangère ».
Hollande et Sarkozy reçus mercredi
Mercredi soir, en amont de ce rendez-vous au format élargi, Emmanuel Macron avait reçu successivement ses prédécesseurs François Hollande et Nicolas Sarkozy pour aborder le sujet en tête-à-tête avec eux. « Ma position sur les questions militaires c’est : moins on en dit, mieux on agit », l’a publiquement taclé François Hollande à l’issue de leur échange. Ne pas dire ce que l’on fait, mais faire ce que l’on n’a pas dit. C’est ça qui permet d’avoir le plus d’efficacité », a-t-il ajouté. L’ex-président socialiste, qui a rappelé avoir « beaucoup rencontré » Vladimir Poutine durant son mandat (2012-2017), a souligné d’importance du « consensus le plus large pour le soutien à l’Ukraine » pour « faire réfléchir » le maître du Kremlin. « Il était toujours dans cette recherche du rapport de force, il veut impressionner, donc la seule réponse possible, c’est de montrer que nous sommes avec les Ukrainiens dans une totale solidarité, que nous leur apportons tout le soutien nécessaire, sans nous-mêmes participer à quelque combat que ce soit », a-t-il estimé. Nicolas Sarkozy, lui, n’a pas répondu à la presse en sortant de son entrevue avec Emmanuel Macron.