Reconnaissance d'un État palestinien : quels enjeux derrière la déclaration d'Emmanuel Macron ?
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Le consul français à Jérusalem a remis, dans la soirée du jeudi 24 juillet, une lettre historique au président de l'Autorité palestinienne. Sur deux pages, soulignant que Mahmoud Abbas a condamné les attaques terroristes du 7 octobre, appelé à la libération immédiate des otages et prôné le désarmement du Hamas, Emmanuel Macron annonce que "la France procédera à la pleine reconnaissance de la Palestine comme État". À peine l'annonce publiée, le Premier ministre israélien a fulminé, estimant "qu’un État palestinien servirait de tremplin pour anéantir Israël".
Par la voix de ses présidents, la France a toujours soutenu une solution à deux États. "Il faut que s'arrête la colonisation", affirmait ainsi Jacques Chirac en 1996, sans pour autant reconnaître officiellement un État palestinien. Emmanuel Macron choisit de franchir le pas devant la situation humanitaire qui se dégrade de jour en jour à Gaza, avec un objectif : rallier d'autres pays pour créer un élan et trouver une solution diplomatique au conflit.
Une reconnaissance symbolique ?
Plus de 140 pays reconnaissent déjà l'État de Palestine, dont certains Européens comme l'Espagne. Mais la France sera le premier du G7 et premier membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Reconnaître l'État de Palestine, c'est avant tout affirmer le principe de son existence. Car aujourd'hui, la Palestine est un territoire coupé en deux : d'un côté la bande de Gaza, de l'autre la Cisjordanie. La zone est en fait morcelée, et grignotée de plus en plus par des colonies israéliennes. Et les deux camps se disputent Jérusalem.
"Cette reconnaissance correspond à quelque chose de très symbolique parce que, sur le terrain, ça ne changera rien. Et par ailleurs, sur ce même terrain, l'entité palestinienne, appelons-la comme ça pour l'instant, ne dispose pas des prérogatives, des réalités d'une éventuelle souveraineté", analyse Frédéric Encel, docteur en géopolitique de l’Université Paris 8.
Emmanuel Macron a annoncé qu'il reconnaîtra solennellement l'État de Palestine en septembre prochain lors de l'Assemblée générale des Nations unies.