« La facture sera payée par les travailleurs et travailleuses » : L’élu nationaliste Bart De Wever devient le nouveau premier ministre de la Belgique
Chef de file du parti nationaliste et ultralibéral Nouvelle alliance flamande (N-VA), Bart De Wever est devenu officiellement le nouveau premier ministre belge, lundi 3 février. Il a prêté serment peu après 9 heures, en étant le premier membre du gouvernement à s’avancer vers le roi Philippe pour prêter serment devant le souverain, l’étape institutionnelle qui marque l’entrée en fonction du nouveau gouvernement. Les quatorze membres de son gouvernement ont suivi, lors de cette cérémonie organisée au palais royal.
Bart De Wever devient, à 54 ans dont douze ans comme maire d’Anvers, le premier indépendantiste flamand à prendre la tête du gouvernement fédéral en Belgique. Près de huit mois après les élections législatives, marquées par la victoire de son clan, le successeur du libéral Alexander De Croo, souhaite ancrer le pays davantage à droite avec les quatre partis partenaires de sa coalition, Arizona. « Et maintenant, au boulot ! », a-t-il partagé sur son compte X, en complément d’une photo où on le voit prêter serment.
Une politique répressive envers les mouvements sociaux
Bart De Wever a notamment promis d’être plus strict sur le droit d’asile, la sécurité et de « récompenser le travail »… en limitant à deux ans le droit aux allocations chômage. Les salaires devraient ainsi rester figés jusqu’en 2027, conformément aux estimations de la Banque nationale belge. Le gouvernement conservateur souhaite aussi supprimer l’interdiction du travail de nuit, mais aussi des primes pour les travailleurs qui travailleront entre 20 heures et minuit.
L’arrivée de la coalition Arizona au pouvoir signe aussi l’émergence d’une politique répressive envers les mouvements sociaux. Les syndicats risquent ainsi de n’être plus protégés juridiquement et pourront être attaqués en justice. Le droit de grève pourrait lui aussi être restreint, et ce, grâce à une loi permettant aux juges d’interdire à des citoyens de manifester pendant plusieurs années.
Côté casting, cette équipe ignore le principe de la parité, avec onze hommes pour quatre femmes. Après une longue attente de sept mois et demi depuis les élections de juin, un accord de coalition avait été scellé vendredi 31 janvier au soir, entre cinq partis. Outre la N-VA – dont Bart De Wever abandonne la présidence -, la coalition réunit les chrétiens-démocrates (CD & V) et les socialistes flamands (Vooruit), ainsi que deux formations francophones, le Mouvement réformateur (MR, libéral) et les Engagés (centriste). Les cinq partis représentent 81 des 150 députés de la nouvelle Chambre élue le 9 juin.
Alors que la Belgique compte parmi les pays de l’UE ciblés par une procédure de déficit excessif, il est question de dégager 20 milliards d’euros pour rentrer progressivement dans les clous européens, en limitant les dépenses publiques dans de nombreux secteurs. Une perspective redoutée par les syndicats, qui ont appelé à une nouvelle mobilisation à Bruxelles, le 13 février, afin de défendre les régimes spéciaux de retraite.
« On jongle avec les milliards pour convaincre les gens de soutenir ce gouvernement de casseurs, a tancé Sofie Merckx, cheffe de groupe du Parti du travail de Belgique (PTB) au parlement Fédéral et médecin généraliste de formation, sur X. Mais personne ne confirme les chiffres. » L’élue de gauche critique notamment l’opacité du nouveau premier ministre et de ses soutiens quant à leurs mesures économiques, notamment en ce qui concerne un secteur de la santé en tension : « L’Arizona déclare fièrement économiser 22 milliards d’euros. S’ils veulent nous convaincre qu’ils investiront en même temps 12 milliards d’euros dans la santé, ils devront d’abord nous présenter un tableau budgétaire. »
Même son de cloche pour Raoul Hedebouw, président du PTB, qui attaque, sur son compte X, un gouvernement souhaitant « nous faire travailler plus longtemps pour moins de pensions, bloquer nos salaires, imposer une taxe carbone et démanteler notre protection sociale ». Celui qui est aussi député fédéral estime ainsi qu’Arizona n’hésitera pas à s’attaquer aux « droits sociaux et démocratiques » des citoyens belges et à les « presser comme des citrons ».
L’élu de gauche s’insurge plus largement, dans un communiqué diffusé vendredi 31 janvier sur le site du PTB, contre « des partis comme Vooruit et les Engagés », qui avaient, selon lui, « promis de faire contribuer enfin les épaules les plus larges ». À savoir les 1 % les plus riches de Belgique, qui devraient être épargnés par le nouveau gouvernement. « Là encore, ils ont menti, regrette le président du PTB. La seule mesure prévue est une taxe symbolique sur les plus-values, qui touchera aussi le plus petit capital. Alors que le 1 % le plus riche est épargné, l’essentiel de la facture Arizona sera payé par les travailleurs et travailleuses. »
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