Un différend qui se solde par une alliance. Le géant des réseaux sociaux Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) a annoncé début août un partenariat inédit avec l’influenceur conservateur Robby Starbuck pour lutter contre les biais de son agent conversationnel Meta AI. Connu pour son engagement pro-Trump de la première heure et sa croisade menée sur les réseaux sociaux contre les programmes de diversité et d’inclusion dans les entreprises américaines, le trentenaire avait pourtant porté plainte contre la multinationale en avril dernier. À l’origine de la poursuite ? Robby Starbuck accusait les plateformes Meta de «propager des mensonges préjudiciables sur lui» via le chatbot Meta AI.
Concrètement, l’agent conversationnel avait affirmé à plusieurs reprises que Robby Starbuck était impliqué dans l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021, «filmant et promouvant l’évènement». Le robot avait également indiqué que le militant conservateur était relié au mouvement conspirationniste QAnon. Des déclarations que Robby Starbuck réfute fermement. Il avait ainsi initialement réclamé cinq millions de dollars de dommages et intérêts dans le cadre d’un procès en diffamation contre Meta.
Passer la publicitéAccord à l’amiable
Le différend s’est finalement résolu à l’amiable, avec le recrutement de Robby Starbuck en tant que conseiller pour limiter les biais et les erreurs dans les systèmes d’IA de la firme californienne. Un accord dont s’est réjoui Joel Kaplan, directeur des affaires internationales chez Meta, dans un communiqué cosigné avec l’activiste sur le réseau social X : «Les deux parties ont résolu cette affaire à notre satisfaction mutuelle», pouvait-on y lire. Et de préciser les circonstances de la collaboration : «Meta et Robby Starbuck travailleront ensemble dans les mois à venir pour continuer à trouver des moyens de résoudre les problèmes de biais idéologiques et politiques et de minimiser le risque que le modèle renvoie des hallucinations en réponse aux requêtes des utilisateurs.»
De son côté, Robby Starbuck s’est exprimé dans une interview accordée à la chaîne d’information américaine CNBC : «La priorité pour nous est vraiment de résoudre cela», a-t-il affirmé en référence aux fausses informations diffusées sur lui par Meta AI. «C’était la grande raison pour laquelle j’ai décidé d’aller de l’avant non seulement avec le procès mais aussi avec cet accord... nous voulions résoudre le problème pour tout le monde.» Meta a par ailleurs refusé de préciser si Robby Starbuck était rémunéré pour son travail de conseil, selon le média américain CNN.
Virage idéologique de Meta
Le recrutement d’une figure telle que Robby Starbuck s’inscrit dans le contexte d’un virage opéré par Meta depuis l’investiture du président Donald Trump en janvier. L’entreprise avait en effet drastiquement allégé sa politique de modération des contenus sur ses plateformes, en se débarrassant de son programme de vérification des informations (fact-checking) aux États-Unis. Seulement trois jours plus tard, la firme californienne avait aussi mis fin à ses programmes pour la diversité et l’inclusion, en matière de recrutement ou de choix de ses fournisseurs. Mark Zuckerberg avait appelé à insuffler plus d’«énergie masculine» dans le monde professionnel au micro du podcasteur Joe Rogan... Des appels du pied à peine dissimulés au président américain, qui s’est maintes fois montré critique à l’encontre de ces pratiques jugées «trop woke.»