«Pourquoi a-t-il été si peu surveillé ?» : le suicide en prison de Philippe Chabert, accusé d’avoir tué sa fille, interroge son avocat
«Je ne comprends pas qu’on l’ait laissé dans cette solitude.» Tels sont les mots de l’avocat de Philippe Chabert, à la suite du suicide de son client. Comme révélé par Le Courrier de l’Ouest, ce quadragénaire mis en examen pour le meurtre de sa fille il y a deux mois s’est donné la mort samedi à la maison d’arrêt de Nantes, au moment de la promenade de ses codétenus.
Sollicité par Le Figaro, Me Bertrand Salquain, qui devait le voir ce mardi, rappelle que son client avait déjà tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises depuis le 7 mai. Ce jour-là, l’ancien paysagiste de 42 ans avait tué sa fille, puis avait avalé une forte dose de médicaments, espérant en finir. Le 9 mai, le corps de l’adolescente avait été découvert à Mûrs-Érigné (Maine-et-Loire) tandis que son père avait été retrouvé en vie, malgré tout ce qu’il avait absorbé. Après cet épisode, Philippe Chabert, qui avait revendiqué publiquement son acte dans un message écrit, avait passé onze jours au Cesame (Centre de santé mentale angevin).
«Suicide altruiste» pour son avocat
«On est dans le cas d’un suicide altruiste. Il explique qu’il a été débordé par l’idée de laisser sa fille seule. Au moment où il décide se mettre fin à ses jours, on est dans une situation de rupture conjugale avec sa compagne», décrypte maître Salquain, évoquant également un «geste de désespoir dans un contexte dépressif». L’état de son client serait aussi lié à son combat contre le monde du notariat, après un conflit immobilier. Fondateur de l’observatoire indépendant du notariat, Philippe Chabert avait été condamné en mars pour des menaces de mort et harcèlement envers la chambre interdépartementale des notaires de Maine-et-Loire, Mayenne et Sarthe. Lors de l’audience, une expertise psychiatrique avait révélé que le prévenu présentait un «un trouble délirant persistant de revendication, une quérulence processive, des traits paranoïaques», avait rapporté Le Courrier de l’Ouest .
«Ce que je trouve affligeant, c’est que j’avais demandé que mon client soit réintégré au centre de santé mentale», déplore Me Salquain, alors qu’une enquête a été ouverte par le parquet des Nantes. «Comment a-t-on pu le laisser seul pendant une promenade, moins de 15 jours après sa tentative de suicide ? Pourquoi a-t-il été si peu surveillé ?», insiste-t-il, au même moment où FO Justice a publié un communiqué de presse dénonçant un taux d’occupation record dans la maison d’arrêt de Nantes.
Par ailleurs, Philippe Chabert n’avait pas encore été reçu par le juge d’instruction. «L’institution doit réfléchir aux conséquences des actes des gens qui passent par l’institution judiciaire», assure l’avocat, alors qu’aucun procès n’aura lieu. Ce mardi après-midi, il doit récupérer une lettre à son intention laissée par Philippe Chabert, qui voulait faire de ses actions sur le notariat un combat post mortem.