Notre critique de Superman : une grande réussite, avec un héros à nouveau dans le jeu
James Gunn, le réalisateur de la trilogie des Gardiens de la galaxie, réussit le tour de force de revisiter l’une des plus anciennes mythologies américaines de la pop culture.
Passer la publicité Passer la publicitéQuand l’Amérique va mal, elle fait appel à Superman. Ce fut le cas dès 1978 à la sortie du premier film signé Richard Donner avec Christopher Reeve. À l’époque, le Watergate, la guerre du Vietnam et la crise pétrolière ont affaibli les États-Unis qui perdent leur leadership face au reste du monde. Scénarisé par Mario Puzo, le premier Superman remet les pendules à l’heure. L’Amérique est de retour. Symbolisant le côté lumineux des États-Unis, ce super boy-scout affiche les couleurs de la bannière américaine en guise de costume.
Les recettes mondiales du long-métrage prouvent aux studios Warner que le cinéma super-héroïque va changer la donne. Malgré cela, les adaptations ultérieures ne renouvelleront pas ce petit miracle. En 2006, Superman Returns de Bryan Singer reste un hommage timoré au film originel. Sans parler de la tentative de Zack Snyder Man of Steel et ses dérivés (entre 2013 et 2017) qui offrent une version assombrie avec Henry Cavill. Entre-temps, le personnage de Batman a pris le relais, incarnant le côté sombre des États-Unis, ses peurs, ses névroses, sa violence désespérée.
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Passer la publicitéPunk-rock et romantique
Comment relancer Superman, quatre-vingt-sept ans après sa création ? James Gunn savait pertinemment qu’il évoluait en terrain miné. À l’arrivée, sa proposition vole au-dessus des attentes, tant par ses choix créatifs que par sa vision esthétique. L’intrigue du film remet au centre la relation amoureuse entre Clark Kent et Lois Lane, journaliste opiniâtre du Daily Planet passée à l’heure des réseaux sociaux. Le cœur battant du film, ce sont leurs dialogues affûtés, cette alchimie digne des meilleures comédies romantiques.
James Gunn ne tombe pas dans le piège de l’« origin story ». Il plonge directement les spectateurs dans un univers où Superman existe. Sans jamais chercher à singer Christopher Reeve, l’acteur David Corenswet, 31 ans, incarne un Superman actuel, à la fois punk-rock et romantique, conscient de sa surpuissance, mais sincère dans sa démarche héroïque.
Un super-héros guidé par la bienveillance et des valeurs morales à l’ancienne, transmises par ses parents. C’est sans doute la pierre angulaire du film : rendre affriolant un personnage solaire et gentil à l’heure du cynisme ambiant et du second degré permanent. James Gunn s’acquitte de sa tâche avec panache. Son Superman revisite non seulement le mythe mais relance l’orphelin de Krypton dans le jeu.
La note du Figaro : 3/4.