Correspondant à Moscou
«Navalny, Navalny»: son nom est scandé de longues minutes alors que le corbillard approche de l’église de l’Icône-de-la-Mère-de-Dieu «soulage ma douleur». Il n’est pas loin de 14 heures. Plus tôt dans la matinée, la foule s’est amassée peu à peu. À la mi-journée, elle formait une queue interminable de plus d’un kilomètre, s’enroulant autour du sanctuaire et débordant dans les rues adjacentes. Bravant les risques d’arrestation et la peur, les Moscovites sont venus par milliers, des fleurs à la main, pour un dernier adieu à l’opposant numéro un du Kremlin, mort le 16 février dans sa prison du Grand Nord russe. Naguère, Alexeï Navalny a vécu - heureux, disait-il - dans ce quartier de Maryino, au sud de Moscou. Il y est revenu une dernière fois, vendredi, pour ses funérailles placées sous haute surveillance, dans une église dépourvue de grâce, surmontée de coupoles aussi grises que les grands immeubles environnants.
Dors bien, mon frère, et ne t’inquiète de rien…
Oleg, frère d’Alexeï Navalny
L’enterrement s’est déroulé ensuite dans le très vieux…