«Pas de panique Bernard !» : Michel-Edouard Leclerc tacle le patron de LVMH, face aux droits de douane de Trump

«Pas de panique Bernard !» : Michel-Edouard Leclerc tacle le patron de LVMH, face aux droits de douane de Trump

Michel-Edouard Leclerc et Bernard Arnault. AFP / GAIZKA IROZ / AFP / STEFANO RELLANDINI

«Bernard Arnault sera-t-il, malgré son allégeance, victime collatérale du président US qui annonce [...] 200% de droits de douane sur champagnes, grands vins et cognacs français ? Je prie sans relâche pour qu’il n’en soit rien», a ironisé le distributeur, ce samedi.

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Un mois et demi après leur dernier échange d’amabilités, le plus grand distributeur de l’Hexagone déterre la hache de guerre contre l’empereur du luxe. Ce samedi, Michel-Edouard Leclerc a réagi aux menaces brandies quelques jours plus tôt par Donald Trump d’instaurer «des droits de douane  de 200% sur tous les vins, champagnes et alcools importés de France et d’autres pays de l’UE». L’occasion pour l’homme d’affaires de se moquer des conséquences de cette prise de parole pour le groupe LVMH de Bernard Arnault, dont l’activité dépend notamment des États-Unis.

Si le milliardaire à la tête de l’empire du luxe était au premier rang lors de l’investiture du président américain en janvier dernier, cela n’a visiblement pas suffi à dissuader Donald Trump de brandir une menace ciblant son activité. De quoi faire ricaner Michel-Edouard Leclerc : «Bernard Arnault sera-t-il, malgré son allégeance, victime collatérale du président US qui annonce ce week-end… 200% de droits de douane sur champagnes, grands vins et cognacs français ? Je prie sans relâche pour qu’il n’en soit rien», ironise-t-il dans un message posté sur son blog et ses réseaux sociaux, illustré d’une photo du président américain aux côtés du dirigeant français. Et d’ajouter : «Je ne connais pas la contrepartie du deal, mais pour aider au miracle du renoncement, je fournirais volontiers autant d’eau de Lourdes (ou de Plancoët) que nécessaire !».

Manifestement d’humeur mordante, Michel-Edouard Leclerc critique ensuite le jugement du milliardaire, l’accusant de s’être «trompé sur le marquis» Trump. «Décidément, les politiques, souvent dédaigneux des choses de l’épicerie, font de bien mauvais marchands. Mais pas de panique Bernard !», raille-t-il, promettant d’aider les viticulteurs tricolores face aux menaces américaines. Les magasins Leclerc, ainsi, vendront «leurs cols et flacons, sans sur-marge, dans nos belles Foires aux Vins», offrant ainsi aux consommateurs une chance de profiter du «retour de ces merveilleux nectars français, boudés par un Trump mal embouché», explique le commerçant.

Michel-Edouard Leclerc se permet ensuite une dernière pique. «Il ne sera pas dit qu’on sera rancunier dans la grande distribution française ! À défaut de bouter des rayons Coca-Cola ou Pepsi (ce qui restera une option), abritons d’une bulle bienveillante la Veuve Clicquot (une maison du groupe LVMH, NDLR) sur laquelle Trump et son Doge imposeraient le plus vulgairement du monde des tarifs de vieux proxénètes à 200%». Et l’épicier de conclure : «God save les dealers repentants !»

Un duel commencé en janvier

Ce message finement ciselé n’est que la dernière étape d’un duel par médias interposés qui a débuté il y a plusieurs semaines. En janvier, le dirigeant de LVMH avait critiqué l’Hexagone, en revenant de l’investiture du président américain. «Je reviens des USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide», a-t-il notamment regretté, à l’époque. Des propos reçus défavorablement par Michel-Edouard Leclerc. «Ce n’est pas forcément positivement impactant d’avoir un des hommes les plus riches de France qui dit, “si ça ne le fait pas, je quitte le pays” [...]. «Vous ne m’entendrez jamais dire ça. [...] Je pense que tous les chefs d’entreprise des Leclerc, Intermarché, (Coopérative) U, Intersport, on est des gens de terroir, on sait d’où on vient et ce qu’on doit à notre pays, il n’y a aucun d’entre nous qui ferions un chantage comme ça»a-t-il alors rétorqué.

Ces critiques avaient suscité une réaction immédiate et rare de Bernard Arnault, visiblement échaudé par l’accusation de «chantage» brandie par son homologue des centres E. Leclerc. «C’est précisément parce que j’aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j’ai tenu à alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives», a répondu le patron de LVMH. Et d’adresser une pique à Michel-Edouard Leclerc : «Quant à Monsieur Leclerc, puisqu’il semble vouloir défendre les PME françaises, je lui conseille de vendre dans ses supermarchés davantage de produits français, et d’arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir d’eux des prix toujours plus bas. Qu’il montre de cette façon son patriotisme, plutôt qu’en critiquant un groupe qui fait rayonner la France dans le monde avec ses artisans et ses fournisseurs, en les aidant à se développer dans notre pays».