«C’est dingue d’en arriver là» : les voyageurs de ligne Paris-Lyon partagés entre irritation et résignation

Quand ce n’est pas la canicule ou un bagage abandonné, c’est un vol de câbles. Ce jeudi 28 août, les voyageurs de la ligne à grande vitesse Sud-Est, reliant Paris à Lyon, ont dû s’armer de patience. «Pensez-vous qu’on sera arrivé à temps ? Parce que tout de même, dans un pays comme la France c’est dingue d’en arriver là», fulmine un passager du TGV de 12h26, parti de la gare de Lyon avec sa fille qu’il accompagne à Lyon avant de rentrer à Paris le soir même. Cette fois, pourtant, difficile d’accabler la SNCF, puisque la cause est extérieure et imprévisible : des «vols de câbles» ont été constatés en Bourgogne, selon la SNCF, un «acte de vandalisme» qui a paralysé la signalisation et désorganisé le trafic, provoquant des retards de plusieurs heures, des suppressions de trains et des modifications de dessertes.

«Comment c’est possible, depuis le temps, que ce ne soit toujours pas réglé ?» s’impatiente un voyageur coincé dans un train Chamonix-Paris ce jeudi soir. Assise dans le même train et les yeux rivés depuis plus d’une heure sur son smartphone, Pauline, peste à son tour : «Ça nous est tombé dessus en plein trajet. On n’a aucune idée de l’heure d’arrivée. On nous a dit deux heures, puis dix minutes, puis quarante minutes. Personne n’y comprend rien.» La trentenaire, mère de deux enfants, n’arrivera qu’au début de la nuit, et devra attaquer sa journée de travail le lendemain. Un moindre mal, relativise-t-elle : au moins n’a-t-elle pas à piétiner dans les halls bondés de la gare de Lyon ou de Lyon Part-Dieu, où les écrans affichaient des retards pouvant atteindre jusqu’à quatre heures.

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«Pas grand-chose à reprocher à la SNCF»

Damien, usager très fréquent de la ligne Paris-Lyon, n’a pas non plus été épargné. «Une heure avant le départ de Gare de Lyon, j’ai reçu un message m’indiquant un départ retardé de soixante minutes à cause d’un acte de malveillance.» En arrivant en gare, le délai s’allonge de quarante minutes supplémentaires. Une fois à bord, nouvelle déception : le conducteur annonce trois heures trente de retard. Soupirs et remarques agacées ont aussitôt fusé dans le wagon. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Damien découvre que son train ne desservira pas Lyon-Perrache mais seulement Part-Dieu. «Pas de chance, ce n’est pas là que je suis garé», lâche le quinquagénaire, résigné.

Damien se garde cependant d’incriminer la compagnie ferroviaire : «Honnêtement, hormis ce changement de gare, il n’y a pas grand-chose à reprocher à la SNCF sur ce coup». Pour une fois, témoigne-t-il, la communication était claire, avec des infos en temps réel et un dédommagement proposé. «Que peut-on leur reprocher ? De ne pas surveiller chaque mètre de ligne la nuit ? Ça me paraît irréaliste.» Pauline n’est pas aussi clémente dans ses jugements : «Comment expliquer que la SNCF se fasse régulièrement voler des câbles alors que le problème est connu ? Est-ce que ça veut dire que le réseau est si grand qu’il est impossible de le protéger ? Dans ce cas, il faut trouver des alternatives au cuivre», raisonne cette journaliste économique, bien assez au courant du fléau que représente le vol de ce métal convoité.

Plus de vingt infractions de ce type sont en effet signalées chaque jour en France. SNCF Réseau, qui gère les 28.000 kilomètres de voies ferrées, a dû renforcer sa surveillance : agents privés, patrouilles quotidiennes de la Sûreté ferroviaire, alarmes, trackers GPS et même drones sont désormais mobilisés. Au-delà du préjudice matériel, ces vols pénalisent directement les voyageurs. le trafic des TER avait ainsi été momentanément interrompu pour cette raison dans le nord de la France, autour de la gare de Lille Flandres. Rebelote fin juin, perturbant le trafic entre Lille et Arras, et en mars, en Alsace.