Saisi dans une affaire de blanchiment, un yacht de 10 millions d’euros mis aux enchères à La Ciotat
Une vente exceptionnelle s’annonce le 27 mars à 14h30 aux chantiers navals de La Ciotat dans les Bouches-du-Rhône. Ce jour-là, pour une enchère de départ de 10 millions d’euros sera mis en vente le super yacht Stefania, un luxueux bateau de 41 mètres de long construit en 2021 aux prestations exceptionnelles. «Le bateau a un jacuzzi, souligne la commissaire-priseur et responsable de la vente Emmanuelle Votat, membre de De Baecque& Associés. La salle à manger est dotée d’une cheminée. La salle principale est complètement panoramique. Le yacht comporte cinq suites, toutes avec une salle de bain en marbre. La moquette fait cinq centimètres d’épaisseur, de sorte que vous avez l’impression de marcher sur un nuage.»
Surtout, le bateau possède un atout non négligeable. «Il est neuf», rappelle Emmanuelle Votat. Et pour cause : il a été saisi par l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agracs) peu après son acquisition par son propriétaire pour le moins particulier. Comme l’a détaillé Le Figaro dans un article paru l’été dernier, ce bateau aurait été acheté par un malfaiteur soupçonné de s’être enrichi par des moyens illégaux, dans une vaste affaire de blanchiment international.
Moins de 250 heures au moteur
«Initialement, on est parti sur un dossier plutôt de trafic d’armes et de trafic de stupéfiants, expliquait alors dans nos colonnes le colonel Christophe Berthelin, commandant de la section de recherches de Marseille en charge de l’enquête. Ensuite, on a réorienté le dossier parce qu’on s’est aperçu qu’il y avait essentiellement des flux financiers frauduleux». Dans cette même affaire, les enquêteurs avaient également pu mettre la main sur une fastueuse villa à Menton, dans les Alpes-Maritimes, estimée à 7 millions d’euros.
«Le bateau a moins de 250 heures au moteur, souligne Emmanuelle Votat. Il a été construit en Italie, s’est rendu ensuite dans son port d’attache de Beaulieu-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes avant de tenter de prendre la fuite vers Dubaï et d’être intercepté à Gênes.» Le bateau a été estimé entre 10 et 12 millions d’euros. «Mais je pense qu’il peut partir correctement», estime Emmanuelle Votat.
Dans une circulaire de politique pénale envoyée fin janvier à tous les procureurs de la République du pays, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a rappelé sa volonté d’intensifier la lutte contre le blanchiment pour déstabiliser les narcotrafiquants, en confisquant systématiquement tous leurs biens. En 2023, 1,4 million d’euros d’avoirs criminels ont été saisis.