Portugal : le gouvernement de droite défait par un vote de défiance, une troisième élection en trois ans ?

Presque un an après les législatives anticipées, le Portugal voit son gouvernement minoritaire une nouvelle fois défait. Après avoir auditionné les partis, le président la République, Marcelo Rebelo de Sousa, devra décider si les Portugais retourneront aux urnes mi-mai, pour la troisième fois depuis 2022.

Mardi soir, tous les partis, à l’exception de l’Initiative libérale (IL), ont rejeté la motion de confiance au gouvernement avec le Parti social-démocrate (PSD) du Premier ministre conservateur Luís Montenegro et du CDS-Parti populaire (CDS-PP) qui soutiennent l’exécutif. Après les révélations sur les activités de la société de conseil Spinumviva, qu’il a fondée en 2021 et désormais dirigée par son épouse et ses enfants, le chef du gouvernement nie tout conflit d’intérêts.

Il avait tenté d’éviter la sentence en faisant une offre que les socialistes ont rejetée. « Je n’ai cédé à aucun intérêt personnel face à l’intérêt public », s’est défendu le Premier ministre déchu, qui a en dernier ressort plaidé la « stabilité » pour échapper au vote de la motion.

Par la voix de son secrétaire général, Paulo Raimundo, le parti communiste portugais a estimé devant la Chambre que « le Premier ministre veut à tout prix sauver son image et la continuité de sa politique au service des intérêts et de l’agenda des groupes économiques. Voilà ce qui est en jeu et voilà ce qui justifie les voix qui se font entendre ces derniers jours et qui, au nom de la stabilité des affaires louches, des faveurs, des profits et de la concentration des richesses, oublient toujours la stabilité de la vie de ceux qui, par leur travail, font fonctionner le pays ».

L’extrême droite en embuscade

Marque de la lassitude des électeurs : si un nouveau scrutin devait se tenir, aucune force politique ne devrait disposer d’un mandat fort. Les résultats devraient être à peu près similaires à ceux de l’an dernier, lorsque l’Alliance démocratique (AD) de Luis Monténégro l’avait emporté de seulement 1 500 voix, obtenant 80 sièges dans un parlement qui en compte 230. Les socialistes pourraient aujourd’hui se retrouver à égalité avec l’AD et seul un pacte leur permettrait de dépasser le blocage comme ce fut le cas entre 1983 et 1985. Un scénario toutefois improbable.

L’ascension de l’extrême droite vient perturber le jeu. En 2024, Chega avait glané 18 % des voix, se hissant en troisième position. Son slogan populiste « nettoyer le Portugal » résonnait avec le climat d’alors et les difficultés économiques. L’an dernier, le pays avait tenu des élections générales suite à la démission du Premier ministre socialiste António Costa, aujourd’hui président du Conseil européen, après l’ouverture d’une enquête pour trafic d’influence. Dans ce contexte, comme le démontre l’opposition à la motion de confiance, le PS entend faire la démonstration qu’il peut encore être une force d’opposition, sans laisser ce rôle à Chega.

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