Tirs contre la Finul : Paris et Rome inquiets des intimidations israéliennes
Après avoir frappé les positions du Hezbollah au sud du Liban et avoir décapité l'organisation, l'armée israélienne poursuit ce qui ressemble à des préparatifs militaires. Elle vise maintenant la Finul, la mission de l'ONU censée faire respecter la résolution 1701 adoptée en 2006. Ces soldats devaient être les « gardiens » de la « ligne bleue » et veiller au respect du cessez-le-feu entre la milice chiite et les forces israéliennes. Mais elle semble plus impuissante que jamais. Jeudi, Tsahal a visé une tour d'observation du QG de la Finul à Ras al-Naqoura causant la chute de deux soldats indonésiens. Les deux hommes n'ont été que légèrement blessés. Mais la force a décidé de réagir avec le seul moyen à sa disposition : un communiqué.
« Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l'ONU à Ras al-Naqoura, touchant l'entrée du bunker où des casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication », a poursuivi la Finul dans son communiqué en dénonçant la présence d'un drone d'observation. Mercredi « des soldats (israéliens) ont délibérément tiré sur les caméras de surveillance du périmètre de la position et les ont mises hors service. Ils ont également tiré délibérément sur le poste UNP 1-32A à Ras Naqoura, où se tenaient régulièrement des réunions tripartites avant le début du conflit, endommageant l'éclairage et une station de relais », a ajouté la force de l'ONU.
«Ils passeront où ils voudront»
Les positions de la Finul se trouvent sur le passage des troupes israéliennes, si elles se décident à mener une opération terrestre dans le sud du Liban. « Tsahal fera attention… Mais la Finul gêne les Israéliens. Ils passeront où ils voudront », expliquait il y a quelques jours une source militaire française. La Finul n'a pas de mandat d'interposition. Elle est donc vouée à s'enfermer dans ses bunkers au moindre risque. Sa présence n'a pas empêché le Hezbollah militaire de faire la loi dans le sud du pays et d'imposer ses décisions à chaque village. Pour Israël, cette situation n'est plus possible.
Face à l'intimidation israélienne, les Européens ont décidé de hausser le ton. L'Italie, qui fournit un important contingent avec un millier de soldats, a dénoncé « un acte intolérable ». « Même si j'ai reçu des garanties sur la plus grande attention à la sécurité du personnel militaire, j'ai réitéré qu'il fallait éviter toute erreur qui pourrait mettre en danger les soldats italiens et la Finul », a déclaré le ministre de la défense italien Guido Crosetto, après avoir contacté son homologue israélien. Qui rassurera-t-il ? Rome et Paris ont décidé de réunir la semaine prochaine en visioconférence les principaux contributeurs à la Finul, tels que l'Indonésie (1200 soldats), le Ghana (800) ou l'Espagne (600). La France arme la force de réaction rapide. Espagne et Italie se répartissent les responsabilités géographiques. Avec une cinquantaine de contributeurs, la Finul cumule 10000 soldats. Les Occidentaux s'accrochent au mandat de la Finul avec la conviction qu'elle ne sera pas remplacée si les contingents sont forcés à quitter le pays. « Le jour où la Finul s'arrête, on ne la rebranchera pas », explique un connaisseur du dossier.
« Les Israéliens sont assez désinhibés en matière de guerre psychologique », constate une autre source militaire au fait de la situation libanaise. Tsahal fait régulièrement tourner ses drones au-dessus des positions de la Finul. Les forces israéliennes se tiennent prêtes aussi pour des offensives terrestres massives. « Ils ont le champ assez libre pour gaza-éfier le sud Liban comme ils vont le faire pour la banlieue sud de Beyrouth », poursuit-on avec un néologisme évoquant la destruction de Gaza.