Attaques contre les journalistes, concentration des médias… Pourquoi la liberté de la presse est en danger en Europe selon l’ONG Liberties ?

En Europe, la liberté des médias est en péril. Ce constat inquiétant provient du rapport annuel de la Civil Liberties Union for Europe (Liberties), publié ce mardi sur la base des travaux de 43 groupes de défense des droits de l’homme de 21 pays. Comme dans les éditions précédentes, cette enquête couvre trois domaines principaux : la liberté des médias et le pluralisme, la sécurité et la protection des journalistes, et la liberté d’expression et d’information.

Le pluralisme en danger

L’un des aspects préoccupants pointé par Liberties reste la concentration excessive de la propriété des médias « entre les mains d’un petit nombre d’individus très riches », notamment en Croatie, en France, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Slovénie, en Espagne et en Suède. « Le pluralisme des médias dans de nombreux États membres de l’UE est de plus en plus étouffé par une forte concentration de la propriété, même dans les pays où les marchés des médias sont traditionnellement libres », selon le rapport. Ce dernier alerte sur un « écosystème médiatique libre et pluraliste » nécessaire « à une démocratie forte et stable » et « les efforts déployés par les gouvernements pour affaiblir l’État de droit et les institutions démocratiques ».

Pour Jonathan Day, rédacteur en chef du rapport, « Ce n’est pas une surprise. Les efforts des gouvernements pour affaiblir l’État de droit et les institutions démocratiques commencent presque toujours par le contrôle du paysage médiatique de leur pays ». Les procédures baillons, des procès visant à museler les journalistes, sont également un problème récurrent dans de nombreux pays européens.

La France est clairement ciblée pour son manque de « pluralisme » avec l’acquisition par exemple du groupe Hachette par Vincent Bolloré et l’installation, dans plusieurs de ses maisons d’édition, de cadres sympathisants des opinions du milliardaire.

Liberties s’inquiète également du règlement européen sur la liberté des médias (European Media Freedom Act, EMFA) qui est « déjà confrontée à une résistance avant même qu’elle ne soit entrée pleinement en vigueur en août. ». Ce texte doit protéger les journalistes, les sources, l’indépendance, la liberté et le pluralisme des médias. L’EMFA doit également assurer la transparence sur l’identité des propriétaires des groupes de presse.

Les gouvernements sommés d’agir

Pour cette année 2024, l’enquête constate que les journalistes européens ont été particulièrement la cible d’attaques verbales et physiques, en Allemagne, Croatie, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Malte, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et en Suède. Ces agressions ont souvent lieu en ligne ou lors de manifestations, et proviennent souvent de personnalités politiques ou de leurs soutiens pointe le rapport. Certaines agressions ont été perpétrées par les forces de l’ordre en France, en Allemagne, en Grèce, en Hongrie et en Espagne.

Selon Liberties, plusieurs pays continuent d’en faire trop peu pour la sécurité des journalistes ou, pire, affaiblissent les mécanismes existants et s’attaquent à la liberté de la presse. Enfin, les journalistes femmes continuent d’être la cible de harcèlement et de menaces de manière disproportionnée par rapport à leurs homologues masculins, conclut le rapport.

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