Échec du conclave, menace de censure, discussions au point mort… Les débats sur les retraites semblent une nouvelle fois s’engluer. Pourtant, ce pilier du modèle social français est au bord du gouffre. Instauré à la Libération, le système par répartition va engranger 6 milliards d’euros de déficit en 2025, selon la Cour des comptes, qui prévoit un trou cumulé de 470 milliards d’euros ces vingt prochaines années. Pire, selon l’ancien inspecteur des finances Jean-Pascal Beaufret, ces prévisions alarmantes sont largement sous-estimées, et le déficit atteindrait, selon lui, 80 milliards rien qu’en 2024.
Une situation, qui est d’abord due au premier fondement du système par répartition : la démographie. Avec une natalité en berne et un vieillissement de la population, il n’y a plus que 1.7 actif pour un retraité, alors qu’ils étaient encore 4 au début des années 1970. Une situation qui n’a pas été anticipée par les décisions politiques des dernières décennies. Au contraire, l’abaissement de l’âge légal de départ à 60 ans en 1982, porté par François Mitterrand, a fait de l’âge légal un totem politique dont le débat public français peine encore à se départir.
La solidarité intergénérationnelle au cœur des débats
Parallèlement, l’autre fondement du système par répartition, la solidarité intergénérationnelle, est largement remis en cause par les indicateurs économiques. Le poids sur les actifs du système de retraites n’a jamais été aussi important, puisque près d’un tiers d’un salaire brut environ sert à financer les retraites. Conjointement, le niveau de vie, le taux d’épargne et la concentration de patrimoine des retraités pose la question de la pertinence de ce système de solidarité.
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Malgré ce déficit abyssal, ces défis démographiques et cette solidarité intergénérationnelle remise en cause, l’âge légal de départ et le rééquilibrage des efforts entre les générations demeurent deux tabous dans le débat public, qui sont tus, voire même combattus par une grande part des responsables politiques.
Retrouvez notre vidéo en intégralité, avec Maxime Sbaihi, Marie-Cécile Renault et François Pierrard, directeur de l’observatoire «Hexagone»