Matchs sur TF1, retombées économiques, recrutement de licenciées… Pourquoi le rugby féminin français joue gros avec la Coupe du monde 2025
Rentrée des classes pour le XV de France féminin. Les Bleues lancent ce samedi (21 h 15 sur TF1) leur Coupe du monde face aux Italiennes, à l’occasion d’une 10e édition de la compétition mondiale qui se déroule cette année en Angleterre (22 août-27 septembre). Et qui devrait permettre au rugby féminin, en plein essor, de franchir un nouveau cap. « Il y a désormais un vrai public pour l’équipe de France féminine, les matchs ne sont plus uniquement suivis par les passionnés du rugby. On veut encore élargir cette base à toute la population, la rajeunir et la féminiser », explique au Figaro Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby (FFR).
Les mentalités ont déjà bien évolué chez les amateurs de rugby puisqu’une étude récente de Kantar Média révélait que 40 % des personnes intéressées par ce sport suivent désormais les rencontres des Bleues. Longtemps dans l’ombre du XV de France masculin, le rugby féminin connaît un nouvel engouement. En mai dernier, la FFR recensait 52 689 licenciées (contre 311.681 chez les hommes), un chiffre qui a connu une augmentation de 18 % en un an et été triplé en dix ans. Après sa réélection, en octobre 2024, le président de la FFR a lancé un « plan Marshall » pour venir en aide aux petits clubs et rénover leurs infrastructures, avec un tiers de l’enveloppe de 60 millions d’euros dédié à la pratique féminine. Adidas, partenaire de l’instance dirigeante, a, de son côté, débloqué 2 millions d’euros pour aider au développement de la pratique chez les rugbywomen.
Passer la publicitéCette Coupe du monde 2025 « va être un tournant pour la pratique féminine, poursuit Florian Grill. Cet événement majeur, diffusé sur TF1, constitue un levier clé pour accélérer le développement du rugby féminin et atteindre nos objectifs, tant en termes de visibilité que de recrutement de licenciées. » Objectif affiché : 100.000 licenciées d’ici à 2033. Autre coup de projecteur, le championnat de France (Élite 1), restructuré pour gagner en visibilité, bénéficie d’une exposition accrue avec quelques rencontres diffusées sur Canal+. La saison dernière, le choc entre l’ASM Romagnat et le Stade Bordelais avait attiré 18.885 spectateurs au stade Michelin, un record dans l’histoire du championnat.
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Une exposition importante
Le XV de France féminin, à l’occasion du Tournoi des six nations, bénéficie également d’une exposition importante. Lors de la dernière édition, 1,8 million de téléspectateurs avait suivi en moyenne les matchs des Bleues. Si l’on est encore loin des chiffres du XV de France d’Antoine Dupont (7,3 millions de personnes en moyenne), la progression est exponentielle du côté des filles. « Oui, il y a plus d’attentes sur nous aujourd’hui. Mais je pense que c’est aussi très positif. Ça veut dire que les gens nous regardent de plus en plus, sont attentifs à nos performances et nous suivent », souligne Marine Ménager, la cocapitaine de l’équipe de France.
L’Angleterre et la Nouvelle-Zélande sont les grandes favorites. C’est vrai qu’elles ont encore de l’avance sur nous
Florian Grill, président de la FFR
Les Bleues ne sont toutefois pas logées à la même enseigne que les Anglaises et les Néo-Zélandaises, favorites du Mondial, qui disposent majoritairement d’un statut professionnel à temps plein. En France, seulement 32 joueuses sont aujourd’hui sous contrat fédéral d’un an, avec un statut semi-professionnel à 75 % et des salaires mensuels compris entre 3500 et 4000 euros. D’où, sur le terrain, un écart de niveau criant entre les Françaises et les deux meilleures nations mondiales. À l’image de la lourde défaite concédée début août en match de préparation contre les Red Roses anglaises (6-40).
« L’Angleterre et la Nouvelle-Zélande sont les grandes favorites. C’est vrai qu’elles ont encore de l’avance sur nous, reconnaît le président de la FFR. On est outsiders mais on veut vraiment jouer notre carte à fond et profiter de cette médiatisation exceptionnelle, en prime time sur TF1 (pour leur entrée en lice, puis sur France 2 contre le Brésil et l’Afrique du Sud, NDLR), avec tous nos matchs diffusés. »
Chute du nombre de licenciés
Pour Florian Grill, l’un des chantiers prioritaires concerne la chute du nombre de licenciés. Car si le rugby est devenu le deuxième sport le plus médiatique en France, ce sport n’est que le… neuvième en termes de pratiquants, avec 360.000 licenciés la saison passée. Loin derrière le football (plus de 2 millions), le tennis (plus de 1 million) ou l’équitation (entre 670.000 et 700.000). Si le rugby féminin a donné un nouveau souffle et permis d’endiguer la dégringolade (seulement 195.000 licenciés en 2020), le rugby ne veut pas s’enfermer dans le « syndrome du foot US », comme le redoute le président de la FFR. « On ne veut pas devenir comme le football américain, qui est énormément suivi mais pratiqué par pas grand monde », met en garde Florian Grill. Cette Coupe du monde - dont l’impact économique est estimé entre 25 et 33 M€ par World Rugby, la fédération internationale - promet en tout cas d’être un succès populaire. Et la FFR entend surfer sur cette vague.
Passer la publicitéSur les 470.000 billets disponibles, 375.000 ont déjà été vendus. Soit trois fois plus que lors de la dernière édition en Nouvelle-Zélande en 2022 et 12 fois plus les 30.000 vendus lors de la dernière Coupe du monde organisée par l’Angleterre, en 2010. « Nous sommes prêts à battre des records de fréquentation, d’audience et d’engagement, se félicite Sarah Massey, directrice générale de cette édition. Ce sera la plus grande célébration mondiale du rugby féminin que nous ayons jamais vue. »