XV de France : «On regarde la forme du moment et on ne tient pas forcément compte d'autre chose»

À Marcoussis

Dans quel état d'esprit sentez-vous le groupe pour cette tournée, ce premier match depuis les débordements en Argentine en juillet dernier ?
Laurent Sempéré : On est tous là avec l'envie forte de retrouver le sport, le terrain, la compétition. On a senti beaucoup d'excitation, c'est le sentiment qui prédomine. Maintenant, à l'approche du match, il y a aussi un besoin collectif de performer. On est entre ce besoin de structures et de sérénité à l'approche du premier match, et l'excitation de se retrouver et d'avoir la chance de rejouer au rugby.

Dans quelle forme physique sont les joueurs ?
Les joueurs répondent présents lors des entraînements. Et en dehors aussi. Ils affichent une grande volonté de performer, de ne penser qu'au terrain. C'était pour nous primordial de les retrouver dans cet état d'esprit là. Car il faut parvenir à accélérer les choses pour vite se retrouver autour de repères communs sur le terrain.

Des anciens semblent être écartés du XV de départ – Fickou, Ollivon… - des jeunes semblent se diriger vers une titularisation face au Japon. C'est une page qui se tourne ou l'envie de les challenger ?
Ce n'est pas du tout une page qui se tourne. C'est un groupe qui continue à avancer. 42 joueurs sont là, mais il y en a d'autres avec lesquels on a travaillé en amont. Ce qui fait une soixantaine de joueurs en tout. On a vraiment la volonté de fédérer plus de joueurs performants et d'avancer avec ce groupe dans son entièreté. On ne pense pas aux 15 qui vont commencer face au Japon, aux 23 qui auront la chance de jouer, mais aux 42 et à tous ceux qui sont chez eux. Ce qui est important, c'est de travailler avec l'ensemble de ce groupe. Tout le monde aura son rôle à jouer, tout le monde sera important dans cette construction.

« Il y a des joueurs qui auront la chance de commencer le premier match, d'autres qui vont le finir, et d'autres qui ne joueront pas le premier mais qui rentreront peut-être la semaine d'après ou la suivante. »

Il n'y a plus d'équipe premium ?
Il y a des joueurs qui auront la chance de commencer le premier match, d'autres qui vont le finir, et d'autres qui ne joueront pas le premier mais qui rentreront peut-être la semaine d'après ou la suivante. Honnêtement, on est en train de travailler avec un groupe de 42 et on ne tient pas forcément compte d'autre chose. On regarde la forme du moment, ce que le joueur peut nous donner, ce qui est le mieux pour l'équipe. C'est ce qui prédomine dans le staff, mais aussi chez les joueurs. C'est ce qu'on voulait en tout cas. Se retrouver au début de cette tournée de novembre avec, à la fois, des joueurs qui avaient émergé lors de la tournée d'été et ceux qui avaient bien fini le Tournoi des six nations.

Mais ça peut virer au casse-tête. Par exemple en troisième ligne où Alexandre Roumat semble avoir pris le dessus sur Charles Ollivon...
C'est un luxe d'avoir le choix. Les profils sont différents et on tranche par rapport à la façon dont on veut jouer, à l'équipe qu'on aura en face. À la complémentarité aussi. Avec qui on va commencer le match, avec qui on va le finir.

Que pensez-vous de Tevita Tatafu, le jeune pilier droit de Bayonne, qui devrait connaître sa première sélection samedi face au Japon ?
D'abord, on est content de l’avoir avec nous. Il fait de très bonnes sorties avec l'Aviron bayonnais. Il a beaucoup de temps de jeu avec son club, ce qui l'a amené à progresser de semaine en semaine. C'est un joueur qu'on avait ciblé depuis plusieurs mois et qui continue sa progression. Il va se challenger au niveau international. Je pense qu'il est en train de voir qu'il n'a pas encore touché ses limites en termes de jeu.

Quelles sont ses principales qualités ?
Il a de grosses qualités physiques de puissance. Mais il est aussi capable de déplacer le ballon, de ne pas uniquement jouer dans l'axe. C'est un beau joueur. On travaille beaucoup pour développer sa condition physique pour qu'il puisse enchaîner les tâches. Et puis, tout le monde connaît son assise en mêlée, ce qui est quand même hyper important à son poste. Comme Uini (Atonio), il ne se sert pas uniquement de son poids. Il est également très fort techniquement. Ils sont similaires sur beaucoup de points.

Quand des sujets doivent être évoqués, Antoine (Dupont) n'hésite pas à mettre le doigt dessus. Il accélère les situations en fédérant de lui. Pour nous, le staff, c'est beaucoup plus facile parce qu'il n'y a pas d'hésitation.

Antoine Dupont est enfin de retour. Qu'est-ce qu'il apporte, non dans le jeu, on le sait tous, mais dans le groupe en tant que capitaine ?
Il amène de la sérénité dans la vie de groupe. Il a un questionnement pertinent qui rassure les autres. Quand des sujets doivent être évoqués, il n'hésite pas à mettre le doigt dessus. Il accélère les situations en fédérant de lui. Pour nous, le staff, c'est beaucoup plus facile parce qu'il n'y a pas d'hésitation.

Le XV de France va retrouver le Stade de France pour la première fois depuis le quart de finale perdu de la Coupe du monde 2023. La page est-elle définitivement tournée ?
Ça fait partie de l'histoire de cette équipe et du rugby français. Il faut faire avec. Tourner la page ou faire le deuil et avancer, non avec ça, mais grâce à ça. Au-delà de cela, on commence à avoir un groupe qui a une grosse expérience collective. Que ce soient des grandes joies ou des grosses déceptions. C'est hyper intéressant de travailler avec une équipe qui a un tel recul. C'est un groupe qui a une belle maturité. Il y a un bon équilibre, aujourd'hui, entre cette expérience collective, la maturité de pas mal de joueurs qui ont plus de 50 sélections - ce qui est remarquable -, et des joueurs qui arrivent et amènent leur fraîcheur, leur énergie. C'est cet équilibre qu'on recherche.

Propos recueillis en conférence de presse