Treize jours après le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte, le quotidien dans l’archipel reste «extrêmement difficile», a affirmé le préfet du département François-Xavier Bieuville ce vendredi 27 décembre sur Europe 1. «Nous avons encore des problèmes d’électricité, d’alimentation en eau et d’acheminement de denrées alimentaires», a-t-il ajouté.
Samedi 14 décembre, «l’île hippocampe», balayée par des rafales de plus de 220 km/h, a été ravagée par la tempête la plus puissante qu’elle ait connue depuis 90 ans. Partout sur l’archipel, les dégâts matériels sont considérables. Le bilan humain de 39 morts, lui, est provisoire : la population clandestine, qui vit principalement dans des bidonvilles aujourd’hui anéantis, dépasse les 100.000 personnes - sur 320.000 habitants officiellement dénombrés - selon le ministère de l’Intérieur.
Hôpital de campagne «opérationnel»
Depuis plus d’une semaine, les autorités font face à un défi historique et logistique pour acheminer l’aide à Mayotte, située assez loin de la Réunion - 1400 kilomètres à vol d’oiseau -, premier territoire français pouvant venir en aide.
Pour soigner les 4000 blessés, Mayotte peut depuis «deux jours» compter sur un hôpital de campagne installé au stade de Cavani à Mamoudzou, a précisé le préfet de Mayotte. «Il prend en charge environ 200 personnes par jour et permet d’offrir des soins en mode dégradé (...) Il reste encore énormément de choses à faire», a-t-il précisé.
La venue de François Bayrou «totalement légitime»
François-Xavier Bieuville a de même qualifié de «totalement légitime» la venue, dimanche et lundi prochains, de François Bayrou dans l’archipel. Le premier ministre, qui avait suscité la polémique en se rendant à Pau, deux jours après le passage du cyclone, pour y présider un conseil municipal, sera accompagné de cinq ministres : Élisabeth Borne (Éducation nationale), Manuel Valls (Outremer), Valérie Létard (Logement), Yannick Neuder (Santé), et Thani Mohamed Soilihi (Francophonie et Partenariats internationaux).
Cette visite fait suite à celle du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau le 16 décembre et celle d’Emmanuel Macron (19 et 20 décembre), au cours de laquelle le président de la République avait affronté la colère et l’impatience des Mahorais.
Radars, drones et intercepteurs
Quant à la lutte contre l’immigration illégale en provenance des Comores voisins, le préfet de Mayotte a affirmé que cette «fonction a été maintenue» depuis le passage de Chido. «D’abord en mode dégradée pendant quelques jours, mais elle a repris dans des conditions opérationnelles depuis une semaine. Nous avons installé des radars, des drones et les intercepteurs continuent à fonctionner», a-t-il détaillé.
«On ne pourra pas régler les problèmes de fond de Mayotte si on ne règle pas le problème de l’immigration clandestine», avait également déclaré, sur place, Emmanuel Macron. Lors de son passage sur l’île, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau avait lui aussi estimé que «pour reconstruire [Mayotte], on ne pourra plus faire comme avant [en matière d’immigration irrégulière]. Il y a au moins trois actions qu’il faudra développer. D’abord, être beaucoup plus dur vis-à-vis des Comores». En 2023, environ 22.000 reconduites à la frontière ont été effectuées, contre un peu plus de 25.000 l’année précédente.