« On n’a jamais eu peur d’eux. On n’aura jamais peur d’eux. » Dès le coup de sifflet final jeudi dernier dans un Groupama Stadium en éruption, après avoir inscrit le but de l’espoir dans les arrêts de jeu (2-2), Rayan Cherki a planté le décor. Passé tout près d’une immense déception devant 58.000 spectateurs désireux de vivre des émotions fortes, l’artiste lyonnais ne pouvait tenir un discours plus offensif en vue du quart de finale retour de la Ligue Europa (21 heures, Canal+) à Old Trafford. Jeudi soir, dans le « Théâtre des rêves », l’Olympique Lyonnais fantasme de renverser un Manchester United qui n’a de grand que son illustre nom, et se hisser en demi-finale.
« Nous avons montré que nous pouvions rivaliser avec eux peu importe leur histoire, plante le défenseur Clinton Mata. On ne parle pas du passé, ce qui compte, c’est aujourd’hui. Nous sommes largement meilleurs qu’eux. » En une semaine, l’OL a engrangé de la confiance avec une victoire dimanche contre Auxerre (1-3), lui permettant de croire plus que jamais à une place sur le podium en fin de saison (4e, à 1 point de l’OM et 2 de l’AS Monaco). Pendant ce temps-là, les Red Devils, pathétiques quatorzièmes de Premier League, ont été balayés par Newcastle (4-1), concédant leur 14e défaite de la saison dans un interminable feuilleton anglais.
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Grosse pression pour Manchester United
Pour espérer disputer la Ligue des champions la saison prochaine, le club aux trois C1 et 20 titres de champion d’Angleterre n’a donc plus qu’une option : remporter la Ligue Europa le 25 mai prochain dans la cathédrale de San Mamés de Bilbao. La route semble longue et sinueuse tant les Mancuniens montrent peu de choses, de manière décousue, sans jamais ressembler à une vraie équipe de football guidée par une idée commune. Ruben Amorim (40 ans), entraîneur portugais à la mode débauché du Sporting Portugal en novembre dernier, tente d’éteindre un incendie permanent et donne l’impression d’avoir pris 10 ans dans la figure en à peine cinq mois à Manchester.
« Depuis l’arrivée de (Jim) Ratcliffe, les nouveaux propriétaires veulent tout détruire et ne respectent personne, a raillé Éric Cantona, légende des Red Devils après son passage entre 1992 et 1997. Manchester United est une grande famille mais depuis que Ratcliffe est là, c’est tout le contraire. Il ne veut plus de sir Alex Ferguson (ancien manager mythique des Red Devils) comme ambassadeur. » Les critiques pleuvent, sur la politique et la stratégie d’un des plus grands clubs du monde et sur la qualité d’un effectif mal construit.
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Imiter le PSG et faire rêver le football français
L’Olympique Lyonnais l’a bien compris et sait la tâche qui l’attend jeudi soir dans un Old Trafford qui sera garni par 2 800 supporteurs rhodaniens, conscients de pouvoir vivre une grande soirée européenne. Et de décrocher une cinquième place en demi-finale d’une compétition européenne dans son histoire (1964, Coupe des Coupes, 2010 et 2020 Ligue des champions, 2017, Ligue Europa). « On va à Manchester pour jouer offensivement et prouver qu’on pratique un beau football, annonce Rayan Cherki, meilleur passeur de la compétition (8). Nous avons une seule idée en tête : la victoire. » Performance déjà réalisée par Lille (2005) et le Paris SG (2019-2020), dans un bilan français à Old Trafford qui reste déficitaire (3 victoires, 2 nuls et 10 défaites).
Malgré l’absence de plusieurs joueurs à l’aller (les ailiers Nuamah-Fofana, le milieu de terrain Tessmann – les deux derniers cités sont aptes jeudi), la bande de Paulo Fonseca s’est rendu compte, tout en manquant de réalisme, que la mission était largement dans le domaine du possible. Avec un discours clair et assumé, les ambitions sont là. Reste à passer aux actes, les paroles n’ont jamais fait gagner un match. Si Manchester United est un très grand club, il est aussi et surtout une petite équipe cette saison… qui reste malgré tout invaincue sur la scène européenne. Pour offrir au football français une soirée magique et un printemps de rêve - mais aussi rejoindre le Paris SG dans le dernier carré d’une compétition européenne -, l’OL sait à quoi s’en tenir. Il faudra se montrer (très) grand sur la scène du « Théâtre des rêves ».