Affaire du « Sacré Spot » : à Saint-Ouen, le night-club qui embarrasse Karim Bouamrane

Europe 1, France Info, BFMTV, LCI… Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen et figure de l’aile droite du PS squatte les antennes médiatiques pour vanter sa solution à la crise politique : un « gouvernement technique ». Le voilà, ce 10 décembre, en double page de Libération, pour tout autre chose. Le quotidien révèle, dans une enquête, ses liens présumés avec un club qui intéresse particulièrement la justice : le Sacré Spot, ouvert en juin dans un local municipal de la ville, sans les autorisations requises.

D’après les journalistes de Libération, le Sacré Spot, un club huppé avec rooftop niché rue Paul Bert, duquel on a vue sur le Sacré-Cœur, a ouvert malgré un avis défavorable de la préfecture, émis le 10 septembre. L’établissement cumule plusieurs problèmes : terrasse qui pourrait s’effondrer sous le poids des clients, absence de licence pour vendre de l’alcool et d’autorisation pour accueillir un ERP (établissement recevant du public) au moment du lancement. L’opération aurait été permise par Driss Naïch, adjoint au commerce de la mairie de Saint-Ouen, qui aurait appuyé le projet « avec l’accord de principe du maire ».

Un agent municipal comme co-gérant

En plus, l’établissement a été ouvert par deux hommes, Alioune G. et Ramzi I. Ce dernier est également agent municipal – à ce titre, il n’avait pas le droit de cumuler ces activités. Fonctionnaire depuis 2008, Ramzi I. se montre particulièrement amer de ne pas avoir été « monté en grade », par le maire de Saint-Ouen pour qui il déclare s’être « impliqué à fond » dans la campagne municipale de 2020. Celle qui était alors son épouse faisait même partie de la liste du maire PS. L’enquête suggère que le co-gérant du Sacré Spot attendait un retour de faveur de la part de Karim Bouamrane après son implication dans la campagne.

Du côté de l’entourage du maire, on réfute « toute complaisance dans l’affaire » et toute proximité avec Ramzi I. « Karim a grandi à Saint-Ouen, donc il connaît tout le monde. Et c’est justement pour cette raison que, dès le début du mandat il a mis en place un cadre déontologique très strict », assure la directrice de cabinet du maire dans les colonnes de Libération.

L’affaire pourrait jeter une ombre sur les ambitions du maire de Saint-Ouen, qui entend être réélu en 2026, et pourquoi pas faire de sa commune et du capital politique gagné lors des Jeux olympiques (la ville a accueilli le village olympique) un tremplin pour 2027. Opposé à la ligne Faure et à l’alliance avec les insoumis, Karim Bouamrane assure avoir « un rôle à jouer au sein des présidentielles » et a d’ailleurs lancé son propre parti en octobre, La France forte et humaine.

Ironie du sort, les prochaines municipales pourraient le voir s’opposer à son adjoint Driss Naïch, qui a créé un groupe écologiste autonome au sein de la majorité. Le même Driss Naïch qui, dans l’affaire du Sacré Spot, aurait fait pression sur la direction de l’urbanisme de Plaine commune, l’intercommunalité dont fait partie Saint-Ouen, pour obtenir les autorisations, selon Libération.

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