"Ce n’est pas notre guerre" : en Syrie, le silence d'al-Charaa face au conflit Iran-Israël interroge

En Syrie, le silence du nouveau président Ahmed al-Charaa face au conflit entre l'Iran et Israël interpelle. Damas est la seule capitale de la région à ne pas avoir condamné les frappes israéliennes contre la République islamique, et ce malgré une violation répétée de son espace aérien. Après quatorze années de guerre, les Syriens se réjouissent de ne pas faire partie de ce conflit, qui oppose deux Etats qui leur sont hostiles.

Dans les cafés, bars et restaurants de la capitale syrienne, les images de la guerre sont retransmises en direct toute la journée sur les écrans. Une fois la nuit tombée, les habitants montent sur les terrasses pour observer les missiles traverser le ciel de la capitale. C'est notamment le cas de Muawiya, révolutionnaire de la banlieue de Damas : "Malheureusement la position géographique de la Syrie fait que nous sommes coincés entre ces deux pays extrémistes, raconte ce Syrien. Tous les soirs, on voit des drones, des missiles et des avions de chasse passer au-dessus de nos têtes. Mais cette fois-ci, ce n'est pas notre guerre".

Dès 2011, l'Iran a joué un rôle majeur dans le maintien du régime de Bachar al-Assad, en sapant la révolution et en réprimant violemment les manifestations. Muawiya dit que les Syriens regrettent tous les morts civils, mais cette fois "il y a peut-être une sorte de justice", nuance-t-il. "Les généraux iraniens qui ont commis des crimes en Syrie sont en train de se battre avec Israël, qui n’a jamais cessé de nous bombarder et de s'immiscer dans nos affaires intérieures".

La crainte d'être de nouveau agressé

Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, l'État hébreu a mené des centaines de frappes en Syrie, cherchant à tout prix à détruire l'arsenal militaire du pays. Dans le sud, les incursions visant à s’emparer des ressources en eau se multiplient. 

"C'est une situation très délicate pour le gouvernement syrien. On ne sait pas comment va se terminer cette guerre, si Israël va en sortir gagnant, et si cela signifie plus d'agressions envers la Syrie dans le futur."

Ibrahim al-Assil, politologue syrien

En une semaine, les débris de missiles tombés en Syrie ont fait un mort et plusieurs blessés. Contrairement aux autres pays arabes de la région, le gouvernement syrien a choisi d'adopter une posture d'observation, et ce malgré la violation répétée de son espace aérien. "Le président syrien a promis aux Israéliens qu’il n’y aurait aucune menace venue de Syrie, ajoute Ibrahim al-Assil. Cette guerre permet à Al-Charaa de prouver ce qu’il a promis, de calmer la situation, en autorisant implicitement les Israéliens à intercepter les missiles iraniens au-dessus du sol syrien", complète le politologue.

À l'heure où le pouvoir tente de reconstruire un pays dévasté, la grande majorité des Syriens pensent qu'une nouvelle implication dans un conflit doit à tout prix être évitée.