«Ils savent qu’ils ont le droit pour eux» : à La Ciotat, le calvaire d’un entrepreneur qui voit son terrain occupé par les gens du voyage

«Ils rentrent et ils vous narguent en proposant de payer 400 euros par jour pour rester», retrace avec amertume Stéphane Brousse. Voilà plus d’une semaine que son terrain, un site de 7800 mètres carrés basé à La Ciotat et destiné à accueillir une vaste zone d’activité industrielle comprenant plusieurs sociétés est occupé par une vingtaine de caravanes appartenant à la communauté des gens du voyage.

«Ils sont arrivés dans la nuit de samedi à dimanche aux alentours de 3 heures du matin, enlevant les blocs de béton placés devant l’une des deux entrées avant de forcer le portail», relate l’entrepreneur au Figaro. Cinq premiers véhicules ont alors fait irruption sur le terrain avant l’arrivée des forces de l’ordre. Un scénario devenu presque habituel pour Stéphane Brousse, confronté à ces allées et venues depuis plusieurs années.

«Ça fait cinq ans que ça dure. L’endroit est connu pour sa vue sur la mer et ses accès à l’eau et l’électricité. La dernière fois, ils sont arrivés début janvier avant de repartir en mars. Je suis dans l’obligation de prendre une société de surveillance pour un coût de 25.000 euros», déplore celui qui est spécialisé dans la négociation en produits agroalimentaires.

La police municipale a bloqué l’entrée du terrain pendant quelques heures avant de céder. Collection personnelle

Huissier, avocat et tribunal

Des efforts vains, puisque une vingtaine de caravanes supplémentaires ont fini par se frayer un chemin sur son terrain malgré des «négociations» entamées avec la police municipale de La Ciotat. «Ils voulaient entrer. On a commencé les pourparlers et la police nationale est arrivée peu avant midi. Ordre a été donné de faire “dégager le propriétaire” et de laisser rentrer les caravanes restantes», relate Stéphane Brousse, encore sidéré par l’enchaînement des évènements.

«J’ai fait venir un huissier pour constater les faits et je tente d’obtenir les identités des caravanes qui sont entrées sur mon terrain», poursuit l’entrepreneur, qui devrait prochainement déposer un référé au tribunal judiciaire de Marseille via son avocat pour obtenir l’expulsion des squatteurs. Un bras de fer usant qui ne devrait pas prendre fin avant plusieurs jours, le temps que le litige soit formellement reconnu et qu’une décision soit rendue par la justice. L’attente ronge le propriétaire des lieux, qui a investi 12 millions d’euros afin de livrer son bâtiment dans les temps cet été.

«Mon chef de chantier vient de m’appeler : les gens du voyage lui ont demandé où en étaient les “négociations”, évoquant désormais 300 euros (de loyer, NDLR) par jour. On n’est pas dans un camping !», souffle-t-il en critiquant les autorités. «Ils (les gens du voyage, NDLR) savent très bien qu’ils ont le droit pour eux. Les chefs d’entreprise sont démunis face à l’administration. Le seul pouvoir qu’il nous reste, c’est celui du bruit», regrette-t-il en mentionnant son intervention médiatique auprès de nos confrères de France 3.

Contactée, la métropole d’Aix-Marseille-Provence, compétente en matière «d’aménagement, d’entretien et de gestion des aires d’accueil des gens du voyage», a indiqué ne pas faire de commentaire à propos de l’affaire, renvoyant la balle aux services de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Stéphane Brousse a quant à lui été reçu par le préfet il y a quelques jours.

Ces groupes sont organisés, généralement bien conseillés et profitent des failles laissées par la loi actuelle pour rester autant que bon leur semble et ne partir que lorsqu’ils l’ont décidé

Alexandre Doriol, maire de La Ciotat, dans un courrier adressé à Gérald Darmanin

L’entourage du maire de La Ciotat a lui confirmé au Figaro que l’édile soutenait l’entrepreneur. «C’est scandaleux de le laisser seul contre tous. C’est une propriété privée et il est anormal de mettre autant de temps à la récupérer», glisse-t-on. Dans un courrier adressé à Gérald Darmanin que nous avons pu consulter, Alexandre Doriol (LR) a ainsi proposé au garde des Sceaux de déposer un projet de loi visant «à simplifier, faciliter et accélérer l’expulsion de toute personne ou groupe de personnes occupant de manière illégale un bien privé».

«Ces groupes sont organisés, généralement bien conseillés, et profitent des failles laissées par la loi actuelle pour rester autant que bon leur semble et ne partir que lorsqu’ils l’ont décidé», indique le maire dans sa lettre. «Les démarches actuelles sont beaucoup trop longues et mettent trop souvent en difficultés les propriétaires légitimes de ces biens», ajoute-t-il.