Procès des viols de Mazan : huit nouveaux accusés devant les juges
Après une semaine d'interruption, le procès des viols de Mazan a repris lundi à Avignon, avec le début de l'examen de personnalité de huit autres de la cinquantaine d'hommes accusés d'avoir agressé sexuellement Gisèle Pelicot, à l'invitation de son ex-mari, qui la droguait. Absente lundi, Gisèle Pelicot devrait retrouver mardi sa place sur le banc des parties civiles. Dominique Pelicot, 71 ans, a en revanche retrouvé le box des accusés, dans le «même bon état d'esprit» qu'avant la pause, celui de «participer aux débats quand la parole lui sera donnée», a déclaré à l'AFP son avocate, Béatrice Zavarro.
Lundi matin, des enquêtrices de personnalité ont commencé à évoquer le parcours de vie et le caractère des huit accusés de la semaine, avec là encore des vécus de violences sexuelles chez certains.
Ludovick B., intérimaire de 41 ans au chômage, soupçonné d'avoir violé Gisèle Pelicot en 2019, avec la complicité de son ex-mari, au domicile de leur propre fille, Caroline Darian, en région parisienne, aurait ainsi révélé tardivement à ses proches avoir été victime à l'adolescence de viols commis par le père d'un ami, commandant chez les pompiers.
Cédric G., technicien informatique de 50 ans, décrit par ses anciennes partenaires comme un homme aux «forts besoins» en matière de sexualité, aurait été violé par un oncle vers 12 ou 14 ans. Cet accusé est soupçonné d'avoir prévu de reproduire sur sa compagne le même procédé de soumission chimique utilisé par Dominique Pelicot.
Un accusé jugé in absentia
Les autres accusés de cette semaine sont Cendric V., manager de restaurant de 42 ans ; Saifeddine G., chauffeur routier de 36 ans ; Paul G., ouvrier de 31 ans, âgé de 22 ans au moment des faits ; Omar D., agent d'entretien de 36 ans ou encore Romain V., célibataire séropositif de 63 ans qui s'est rendu à six reprises à Mazan, sans jamais porter de préservatif. Hassan O., 30 ans, toujours visé par un mandat d'arrêt international, sera jugé in absentia. Après l'audition des experts psychologues mardi, les faits qui leur sont reprochés seront abordés à partir de mercredi.
Sur les 51 accusés de ce procès hors norme, emblématique des questions de la soumission chimique et du consentement, 36 ont défilé les semaines précédentes, depuis le 2 septembre, devant la cour criminelle du Vaucluse, dont le verdict est attendu pour le 20 décembre. La plupart sont poursuivis pour viols aggravés et risquent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Mais très peu assument ces faits, persistant avoir été invités voire appâtés, par Dominique Pelicot, pour participer au scénario d'un couple libertin.
«On fatigue beaucoup du côté de Gisèle Pelicot d'entendre à peu près systématiquement les mêmes explications des accusés, (...) entendre qu'elle a été victime de viol “par accident”, de viol “par erreur de jugement”, de viol “à contrecœur”», avait indiqué Me Antoine Camus, un de ses avocats, à l'AFP, avant la reprise des audiences. «C'est un marathon, (...) mais elle reste combative et déterminée à aller jusqu'au bout, parce qu'elle est portée par cet élan de soutien qui dépasse les frontières de la France», avait-il assuré.