Formule 1 : entre Gasly, Ocon et Hadjar, quel Français va le plus nous surprendre cette saison ?
Avec Pierre Gasly (Alpine), Esteban Ocon (Haas) et Isack Hadjar (Racing Bulls), la France sera la deuxième nation la mieux représentée en F1 cette saison derrière le Royaume-Uni. Trois Tricolores aux situations et ambitions bien distinctes : Gasly entamera sa quatrième saison chez Alpine, Ocon espère rebondir chez les Américains de Haas après une année noire avec le constructeur français qui l’a écarté. Enfin, Isack Hadjar va découvrir la discipline chez Racing Bulls, l’antichambre de la prestigieuse équipe Red Bull.
Pierre Gasly, l’émancipation chez Alpine ?
Débarrassé d’Esteban Ocon parti chez Haas, Pierre Gasly (29 ans) sera le leader incontesté d’une écurie Alpine qui rêve de débuter la saison comme elle avait achevé la précédente, en boulet de canon. Le Normand avait raflé 33 de ses 42 points lors des quatre dernières courses pour redresser un bilan médiocre, terminant le championnat à une honorable 10e place au classement des pilotes.
« J’ai été surpris par la manière dont il s’est amélioré. Il n’a pas commis d’erreurs et n’a pas eu d’accident et surtout, il a aidé l’équipe à terminer 6e du championnat constructeurs ce qui nous a donné un bon coup de main financier», juge Flavio Briatore qui vise « une place dans les six premiers » pour l’écurie au A fléché. «Il a l’expérience, la confiance, il est droit dans ses bottes… C’est un pilier de l’équipe », sourit Luca de Meo, le directeur du groupe Renault rencontré à Londres à l’occasion de la présentation de la monoplace, A525. Le pilote, lui, reste prudent. «L’écart avec les quatre écuries de devant est trop important pour être comblé », soufflait-il avec lucidité dans la capitale de l’Angleterre. « Il faudra figurer parmi les meilleurs du milieu le plus souvent possible», ajoute-t-il, confiant avoir plus faim que jamais de victoire.
La venue de Flavio Briatore lui a donné un incontestable coup de boost. «Je partage la même mentalité que lui. Je suis en Formule 1 pour gagner et je veux gagner avec Alpine. Et très clairement il est là, pas pour être en F1, il est là pour qu’Alpine gagne en F1», a conclu le pilote au départ de sa 9e saison.
Esteban Ocon, l’impossible rebond ?
Après quatre saisons chez Alpine (et cinq dans l’univers Renault), Esteban Ocon a décidé de changer d’air en rejoignant Haas pour 2025. Une décision contrainte et forcée tant le natif d’Evreux paraissait en bout de course au sein de la marque française, où il n’était plus réellement en odeur de sainteté, souvent dépassé sur la piste par son compatriote Pierre Gasly et critiqué en interne. À l’image d’un Flavio Briatore qui n’a pas mâché ses mots à son égard, après l’avoir écarté sans ménagement avant le dernier grand prix de la saison l’an passé. «Pendant des mois, Esteban n’a fait que se plaindre», lâchait l’Italien dans la série documentaire Drive to survive produite par Netflix. «Le châssis, les réglages… Je n’aime pas ce comportement d’enfant gâté.»
Le divorce consommé, Esteban Ocon n’a pas eu le choix du roi au moment de retrouver un baquet. En atterrissant chez Haas, le Français ne pouvait décemment pas espérer mieux. Mais il ne s’agit pas là d’un changement de braquet pour viser réellement plus haut. Quitter une équipe qui a fini 6e au classement des constructeurs en 2024 pour celle qui a terminé… un cran derrière ne marque pas une réelle progression. Néanmoins, dans un climat apaisé, le Français de 28 ans tentera de faire mieux que la saison dernière où seule sa 2e place quelque peu miraculeuse au Brésil lui a permis d’éviter un naufrage complet (14e au Championnat du monde avec 23 points, dont 18 à Sao Paulo donc). «Je suis très heureux de mon choix», affirmait encore récemment Ocon. À lui de faire en sorte que le très exigeant Gene Haas ne regrette pas le sien…
Isack Hadjar, prêt pour un apprentissage express ?
Le Parisien sort d’une saison impressionnante en Formule 2 (vice-champion) avec une écurie habituée à la seconde partie de tableau qu’il a tiré vers le haut. Extrêmement rapide, Hadjar a même acquis le surnom de «Petit Prost», parce qu’il affiche le même gabarit (1,67 m) mais aussi parce qu’il est réputé être un fin calculateur malgré un caractère un peu trop explosif parfois. Une référence flatteuse mais aussi lourde à porter pour le pilote de 20 ans couvé par l’un des hommes les plus influents du paddock, Helmut Marko, le dénicheur de talents et conseiller de l’équipe Red Bull. Hadjar a intégré l’écurie Racing Bulls (ex AlphaTauri) qui est aussi l’équipe B de la prestigieuse équipe Red Bull. Un tremplin idéal pour se faire remarquer mais également une équipe qui peut broyer les jeunes espoirs lorsque les choses se passent mal.
Le Français devra donc avoir les nerfs solides pour s’imposer dans une discipline où tout va très vite. Ce fan d’Ayrton Senna se donne trois ans pour faire son trou sur la grille avec une écurie qui avait terminé 8e du championnat constructeurs. Pour convaincre les dirigeants de lui renouveler leur confiance, il devra d’abord essayer de sortir de l’ombre de Yuki Tsunoda qui sort d’une saison solide (30 points inscrits). Le Japonais, soutenu par Honda, rêvait cet hiver de rejoindre Max Verstappen chez Red Bull avant que Liam Lawson ne lui grille la politesse. Ses premiers essais d’avant-saison où le Parisien a dû digérer une montagne d’informations en trois jours, ont été convaincants. « Ça y est, c’est bon, je me sens vraiment pilote de F1 désormais. J’ai hâte d’être à Melbourne !», lance-t-il avec appétit.